Bienvenue

Ouvrez vous à l’espérance vous qui entrez dans ce blog !

Et ne vous croyez pas obligés d’être aussi puissants et percutants que Dante. Si vous avez eu plaisir à lire les lignes qui suivent et s’il vous est arrivé de passer d’agréables moments à vous remémorer des souvenirs personnels heureux de votre vie en Tunisie ; si vous éprouvez l’envie de les partager avec des amis plus ou moins proches, adressez les -- sous une forme écrite mais la voix sera peut-être bientôt aussi exploitable -- à l’adresse : jean.belaisch@wanadoo.fr et vous aurez au moins le contentement d’être lus à travers le monde grâce à l’internet et à ses tentacules.

Vous aurez peut-être aussi davantage c'est à dire que d’autres personnes, le plus souvent des amis qui ont vécu les mêmes moments viendront rapporter d’autres aspects de ces moments heureux et parfois corriger des défaillances de votre mémoire qui vous avaient fait prendre pour vérité ce qui était invention de votre cerveau émotionnel.

Ne soyez pas modestes, tout rappel peut être enrichissant, n’hésitez pas à utiliser votre propre vocabulaire, à manier l’humour ou le sérieux, les signes de richesse (y compris intellectuelle) ou les preuves de la pauvreté (y compris d’un moral oscillant). Vous avez toute liberté d’écrire à la condition que vous fassiez preuve de responsabilité puisque d’une façon ou d’une autre nous représentons tous un groupe de personnes qui a aimé la Tunisie et qui a pour d’innombrables raisons, choisi de vivre sur une autre terre.

Bienvenue donc et écrivez dès que vous en sentirez l’envie.


Un des responsables de ce qui pourrait aussi devenir un livre, si vous en éprouvez le désir !

REMARQUE : Les articles sont rangés par années et par mois .

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mardi 20 janvier 2009

SIDI BOU

Lucette KRIEF

« Sidi Bou » , mot magique dont le seul son ouvre des portes insoupçonnées.Lorsque Patrick Bruel a sorti son disque «le café des délices» tous les ex-tunisiens l’ont écouté avec bonheur, je dirais même avec extase ; car c’est de Sidi Bou qu’il parlait, en chantant !
Eh bien, c’est Sidi Bou Saïd, « la 8ème merveille du monde » disait-on, et à juste titre.Sidi Bou Saïd est un tout petit village, à une dizaine de kilomètres de Tunis, desservie
par un petit train, le T.G.M. ( Tunis-Goulette-Marsa), soit les plages les plus fréquentées au nord de Tunis, lieux de résidences d’été de tous les habitants de la capitale.
Sidi Bou Saïd n’a pas de plage, du moins pas d’accès direct. C’est un promontoire en à-pic sur l’eau, un grand rocher qui domine une baie incomparable.
Dans ce village, toutes les maisons sont blanches, peintes à la chaux et les fenêtres en moucharabieh, sont peintes en bleu d’un bleu vif ; les portes, également bleues, sont ornées de gros clous.Ici tout est bleu, du même bleu que le ciel et la mer.
Et toute personne qui a vu ce paysage y pensera toute sa vie. Car il est un proverbe à Tunis :
« celui qui a bu de l’eau de Zagouhan y reviendra car il ne l’oubliera jamais » ( Zagouhan est la source d’eau qui alimente Tunis) .
Il y a trois choses célèbres à voir à Sidi Bou :
Dar-Zarouk qui domine la baie et dont la terrasse a une vue imprenable !
La villa d’Erlanger, ancienne demeure d’un baron, devenue aujourd’hui un musée
Le Café des Nattes, dont la réputation est mondiale !
C’est un petit café où l’on accède par un grand escalier recouvert de nattes de cordes tressées. C’est le lieu de rencontre le plus prisé, où l’on va boire le thé à la menthe ; le rendez-vous de tous les jeunes et les moins jeunes ; autrefois, calme et serein, il est malheureusement devenu le lieu touristique le plus prisé en Tunisie, avec ses marchands, les voitures, la foule ; et c’est bien dommage !
Je n’ai connu Sidi-Bou Saïd que très tard, car, comme tous les jeunes, j’aimais la mer et la plage.
En Tunisie, les vacances scolaires duraient 3 mois, du 1er Juillet au 30 septembre.
Les familles s’installaient donc pour trois mois ; trois lieux de résidence possibles :
La Goulette « neuve » ou « Vieille » ( celle-ci pour les habitants à l’année )
« Le Kram », essentiellement chéri par les nombreux italiens de Tunis
« La Marsa » divisée en deux, « Marsa Plage » pour la plupart des estivants et « Marsa Résidence « où s’étalait la superbe villa du résident général, représentant de la France en Tunisie. Il y avait aussi « Marsa cube » pour quelques riches bourgeois et certains artistes originaux.
Mes parents avaient choisi « la Marsa » mais plus tard, ils ont préféré « l’Aéroport », petite plage agréable située non loin de l’aéroport.Chaque année donc, sur les routes des plages on voyait défiler des « arabas » espèce de camionnettes tirées par un cheval, sur lesquelles s’entassait tout de ce dont une maison avait besoin (car les propriétaires offraient les meubles, mais rien de plus). Donc, toute la vaisselle, tout le linge, les bassines, les casseroles et tous les accessoires de cuisine étaient empilés sur les charrettes qui croulaient sous le poids. Le pauvre cheval arrivait au but exténué après cette promenade de 10 à 15 kilomètres !
C’était ainsi, cela semblait naturel et personne ne s’en est jamais plaint. Les hommes de la famille travaillaient le matin de 8 heures à midi, en prenant le T.G.M. ; les femmes s’occupaient de la maison et de la cuisine, et nous les enfants, passions nos journées à la plage, sans chapeau, sans crème à bronzer, et sans crainte du soleil et de la température qui montait souvent à plus de 40 degrés !
Trois mois à vivre ainsi, à jouer entre la mer et le sable ! Quel bonheur ! Quand on pense combien nous pèserons nos enfants !
Et Sidi-Bou, alors ? Et bien il n’en est pas question pour le moment !
J’en ai entendu parler quelques fois par les adultes, bien entendu !
Mais il faudra attendre que j’aie 15/16 ans pour prendre le T.G.M et y aller avec des amis.
Ma première impression n’est pas terrible. Oui, bien sûr, le cadre est beau, la baie superbe, le thé à la menthe, au café des nattes, est délicieux, et rester assis sur les marches pour papoter, c’est amusant ! Mais enfin, il n’y a pas de quoi en faire un plat !!
Et je préfère nos plages où l’on peut tout de même se baigner …. !
….. Puis, c’est la rencontre avec Georges, qui, ayant une voiture, m’a emmenée admirer la pointe du Cap avec cette mer d’un bleu si profond…
Puis, ce fut le dîner au « Dar Zarouk » au clair de lune !
Et, depuis lors, tous les samedis après midi, ce fut l’escapade à Sidi-Bou !
Après notre mariage, après la naissance de nos enfants que nous laissions à la nounou, direction Sidi-Bou, promenade à pieds le long de la crête, dégustation de « bombolonis » (beignets tout chauds saupoudrés de sucre) thé au café des Nattes, et parfois dîner au « Dar Zarouk » !
Jusqu’à notre départ de Tunis, cela devint presque un rite !
Nous avons quitté la Tunisie en 1958.
Pendant 10 ans, nous n’y avons plus mis les pieds. Georges refusait de revoir ce pays où nous avions été si heureux et où nous avions tout perdu !
Mais un jour de Décembre 1968, j’ai voulu y aller pour rendre visite à mon père qui y demeurait et ne pouvait plus, vu son âge, venir nous voir à Paris.
J’ai donc décidé d’y aller avec (mon frère) Michou. Nous arrivons par un jour de pluie. Le temps était froid et humide, nous avons visité la ville. Tout nous paraît très petit et ne correspondait plus à nos souvenirs. Nous étions tellement déçus ! Nous avions hâte de repartir !
Cependant, le dernier après-midi, ma belle sœur Lina m’a emmenée en voiture nous promener vers les plages. La Goulette, La Marsa, Carthage et naturellement Sidi Bou Saïd.Et alors un voile s’est brutalement déchiré ; tout m’est revenu et ce fut à la fois un immense bonheur et une profonde nostalgie !
L’été suivant, j’ai convaincu Georges (ce ne fut pas facile) de passer deux semaines de vacances à Gammarth. C’était très changé. De belles villas toutes fleuries s’étalaient sur la colline, mais tous les buissons sauvages de mimosas très parfumés avaient été arrachés ! On y avait construit quelques beaux hôtels parfaitement aménagés, mais la plage était étroite et sale. Cependant l’hôtel où nous avions réservé « la baie des singes » était magnifique : un hôtel pavillonnaire où chaque pensionnaire avait une villa au bord de l’eau, toute construite dans le style du pays, avec patio où le jasmin et le bougainvillier s’entremêlaient, et piscine privée.Un rêve qui compensait largement la première impression !
Georges s’est détendu et a accepté d’y retourner à plusieurs reprises.
Depuis, nous y avons passé de nombreuses vacances, soit à Gammarth, soit à Hammamet ; et naturellement Sidi-Bou-Saïd était toujours au programme ; et le café des Nattes et le thé à la menthe !!!!
Quant aux enfants, ayant quitté la Tunisie, Yves à 4 ans et Annie à 15 ans, ils n’en avaient jamais entendu parler. Et pourtant…… Annie s’est mariée en octobre 1962, et pour voyage de noces, elle a choisi la Tunisie qu’elle a voulu faire connaître à Patrick. Pèlerinage à la villa des Cité-Jardins, où Annie a volé un citronnier dans le jardin…. Et naturellement visite à Sidi Bou Saïd et coup de foudre pour tous les deux : Dar Zarouk , le Café des Nattes !
Babette y a été vers l’âge de 16 ans, invitée à passer l’été chez Lina qui l’a promenée dans toutes les plages et lui a fait goûter le thé à la menthe !
Monique n’y a pas été tout de suite…. Ses vacances se passant avec sa petite famille en Bretagne, fief de la famille Labbé. Mais très vite elle s’est rattrapée, car après sa première découverte de la Tunisie, elle y est retournée presque tous les ans. Daniel, d’un enthousiasme débordant, me téléphonait toutes les fois où à Sidi Bou, ils mangeaient des bombolonis ou buvaient un thé au Café des Nattes.
Visite bien sûr, à la villa de Cité –Jardins, avec prises de photos, Rafael nous a téléphoné de là, ne comprenant pas (disait-il !) pourquoi Georges avait vendu « un si beau palais » !. Reste Yves. Quant à lui, il a programmé son voyage de noces en Tunisie, et lui aussi, promenade à Sidi Bou Saïd, Café des Nattes, jasmins, thé à la menthe ! et … visite à la maison de Cité-Jardins. Plus courageux que ses sœurs, il a carrément sonné à la porte, s’est présenté à l’occupant, un avocat tunisien, lequel l’a fait entrer, lui a offert un café et fait faire le tour de la maison dont Yves n’avait aucun souvenir !

Et aujourd’hui, 8 Aout 2008, j’ai reçu un coup de fil de Babette, qui séjournant à Sidi Bou Saïd, sur la crête, était euphorique. Elle et Jacquy sont tellement emballés qu’ils ont décidé d’y refaire des sauts, même pour un simple week end.…. Et, c’est cet appel qui a tout déclenché et m’a fait écrire ces lignes !!!

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