Bienvenue

Ouvrez vous à l’espérance vous qui entrez dans ce blog !

Et ne vous croyez pas obligés d’être aussi puissants et percutants que Dante. Si vous avez eu plaisir à lire les lignes qui suivent et s’il vous est arrivé de passer d’agréables moments à vous remémorer des souvenirs personnels heureux de votre vie en Tunisie ; si vous éprouvez l’envie de les partager avec des amis plus ou moins proches, adressez les -- sous une forme écrite mais la voix sera peut-être bientôt aussi exploitable -- à l’adresse : jean.belaisch@wanadoo.fr et vous aurez au moins le contentement d’être lus à travers le monde grâce à l’internet et à ses tentacules.

Vous aurez peut-être aussi davantage c'est à dire que d’autres personnes, le plus souvent des amis qui ont vécu les mêmes moments viendront rapporter d’autres aspects de ces moments heureux et parfois corriger des défaillances de votre mémoire qui vous avaient fait prendre pour vérité ce qui était invention de votre cerveau émotionnel.

Ne soyez pas modestes, tout rappel peut être enrichissant, n’hésitez pas à utiliser votre propre vocabulaire, à manier l’humour ou le sérieux, les signes de richesse (y compris intellectuelle) ou les preuves de la pauvreté (y compris d’un moral oscillant). Vous avez toute liberté d’écrire à la condition que vous fassiez preuve de responsabilité puisque d’une façon ou d’une autre nous représentons tous un groupe de personnes qui a aimé la Tunisie et qui a pour d’innombrables raisons, choisi de vivre sur une autre terre.

Bienvenue donc et écrivez dès que vous en sentirez l’envie.


Un des responsables de ce qui pourrait aussi devenir un livre, si vous en éprouvez le désir !

REMARQUE : Les articles sont rangés par années et par mois .

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mardi 13 avril 2010

un abîme de réflexions de Gilbert Sarfati

COMMENTAIRES DE GILBERT SARFATI
Ce « papier » que Jean Belaisch m’a adressé m’a fait plonger dans un abîme de réflexions. Et je les lui fais connaître en lui donnant mon accord pour qu’il le publie dans Nostalgies Ensoleillées :
Tu parles du hasard qui détermine le déroulement d’une vie ; j’ai tenté de répertorier tous les embranchements qui se sont offerts à nous.
Je ne pars pas de l’hypothèse d’une naissance en Inde dans la caste des intouchables, et dans un milieu misérable ; acceptons la donne de départ : des enfants d’une petite/moyenne bourgeoisie juive dans un pays musulman, 3ème génération après la colonisation, ayant fait de bonnes études dans notre cher Lycée Carnot, et à la fin de la 2ème guerre mondiale.
Nous aurions pu rester en Tunisie ! Comme tu le sais, j’étais à l’époque, contrairement à toi et à André, peu touché par les couleurs, les odeurs, les bruits et le climat qui ont baigné toute notre prime jeunesse ; ce sont des sensations que je retrouve avec énormément de plaisir aujourd’hui, mais qui à l’époque ne faisaient paradoxalement qu’aggraver, parce que fondamentalement agréables, l’impression de vivre dans un pays sous-développé, si loin de la culture dont nous nous abreuvions, culture littéraire et musicale, qui faisait de nous, de moi sans aucun doute, un étranger dans mon pays natal. Mais faire du commerce n’était guère ma tasse de thé ; quant à revenir en Tunisie, études médicales terminées, je n’en avais guère l’envie et de toute façon en 1958 les carottes étaient cuites !
Nous aurions pu faire autre chose que la médecine ; j’avais, pendant quelques années qui m’ont vu débuter les études médicales, gardé une nostalgie pour les études scientifiques, une nostalgie d’une « prépa » dans un grand lycée parisien. Je dois dire que cette nostalgie s’est rapidement évaporée.
Nous aurions pu partir directement ailleurs ; pas en Israël ; j’aime y faire un tour de temps en temps, mais l’idée d’y vivre……Il y a quelques années, dînant un soir à la Coupole avec Marcel Zeitoun, j’ai été très surpris de l’entendre exprimer son regret de ne pas avoir « sauté l’étape française », et ne pas être allé directement aux US ; c’était le début de l’époque où les Juifs de France ont commencé à se poser des questions sur l’antisémitisme français, sur la présence envahissante des musulmans, et de façon générale sur le déclin jugée inéluctable de l’Europe. J’avoue, mais peut-être suis-je sclérosé par l’âge, que cette idée ne m’a jamais séduit ; je suis trop imbibé de culture française, et cette expatriation m’aurait, je le pense, été très douloureuse ; mais il se peut que je me trompe totalement.
Conclusion : aller en France faire des études médicales m’apparaît, 65 ans après, comme un chemin inéluctable. Il est certain aussi que le désir d’ascension culturelle et finalement sociale était très prégnant !!
J’ai mis longtemps à apprécier, à aimer Paris ; il faut dire qu’aller à St-Antoine ou à Lariboisière n’est pas le meilleur moyen de goûter la beauté unique de cette ville. Maintenant l’idée de vivre ailleurs m’est insupportable.
Quant à la superposition des cultures, j’ai souvent dit que j’étais le descendant du logos grec dans mes raisonnements, mes choix; et au dessus de ce substrat qui représente 95%, une mince couche (5 % !!) d’orient ; pas l’orient maghrébin, mais Jérusalem, la culture juive, la merveilleuse histoire de ce petit peuple, histoire certes en grande partie inventée, mais tout le monde sait que les mythes sont de loin plus importants que la réalité ; mais quand je m’imagine les Hébreux du 1er Temple, non touchés par le miracle grec, je suis effrayé de leur façon de raisonner , qu’on perçoit très bien dans le texte biblique et que je sens si différente de la mienne. Même si l’interprétation aujourd’hui admise de la 2ème parole du Décalogue n’interdit la représentation d’hommes ou d’animaux que s’ils sont l’objet d’idolâtrie ! Si tu aimes un tableau ou une sculpture, sans t’agenouiller devant, rassure-toi, tu ne violes pas le Décalogue
Il n’en reste pas moins que mes études hébraïques n’ont fait qu’affirmer mon profond agnosticisme ; je pense, comme le dit le titre du livre de Roger Perelman, que nous sommes des gens sans importance dont la disparition peinera certainement des proches ; mais après la mort de ces mêmes proches, personne ne gardera le souvenir de nous….. et c’est très bien comme ça !
En attendant nous sommes, comme tu le dis, des old-old : mon plus grand étonnement est d’être devenu octogénaire ; mon père est mort jeune, et je ne pensais pas atteindre le XXIème siècle ; hommage soit rendu à la médecine et à l’élévation de notre niveau de vie.
Je termine là mes considérations philosophiques ; je me sens parfaitement serein ; j’ai l’impression, vivant avec Myriam en plein centre de Paris, allant à la Sorbonne, sans grand souci financier, et en relative bonne santé, de vivre une période très heureuse.
Salut à toi, et étant, comme Albert Cohen, un Hébreu inconséquent, que Dieu te garde !

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