Bienvenue

Ouvrez vous à l’espérance vous qui entrez dans ce blog !

Et ne vous croyez pas obligés d’être aussi puissants et percutants que Dante. Si vous avez eu plaisir à lire les lignes qui suivent et s’il vous est arrivé de passer d’agréables moments à vous remémorer des souvenirs personnels heureux de votre vie en Tunisie ; si vous éprouvez l’envie de les partager avec des amis plus ou moins proches, adressez les -- sous une forme écrite mais la voix sera peut-être bientôt aussi exploitable -- à l’adresse : jean.belaisch@wanadoo.fr et vous aurez au moins le contentement d’être lus à travers le monde grâce à l’internet et à ses tentacules.

Vous aurez peut-être aussi davantage c'est à dire que d’autres personnes, le plus souvent des amis qui ont vécu les mêmes moments viendront rapporter d’autres aspects de ces moments heureux et parfois corriger des défaillances de votre mémoire qui vous avaient fait prendre pour vérité ce qui était invention de votre cerveau émotionnel.

Ne soyez pas modestes, tout rappel peut être enrichissant, n’hésitez pas à utiliser votre propre vocabulaire, à manier l’humour ou le sérieux, les signes de richesse (y compris intellectuelle) ou les preuves de la pauvreté (y compris d’un moral oscillant). Vous avez toute liberté d’écrire à la condition que vous fassiez preuve de responsabilité puisque d’une façon ou d’une autre nous représentons tous un groupe de personnes qui a aimé la Tunisie et qui a pour d’innombrables raisons, choisi de vivre sur une autre terre.

Bienvenue donc et écrivez dès que vous en sentirez l’envie.


Un des responsables de ce qui pourrait aussi devenir un livre, si vous en éprouvez le désir !

REMARQUE : Les articles sont rangés par années et par mois .

Dans la rubrique "SOMMAIRE" vous ne trouverez que les premiers articles publiés c'est à dire jusqu'à fevrier 2009. Les autres sont classés sous la rubrique "ARCHIVES DU BLOG".

La meilleures façon de trouver un article est d'écrire le nom de l'auteur dans la barre de recherche située en haut à gauche et indiquée par le dessin d'une loupe. Puis de cliquer sur la touche " ENTREE" du clavier. Tous les textes écrits par cet auteur apparaîtront.

vendredi 29 mai 2009

L’ESSOR A TUNIS

L’ESSOR A TUNIS

GINETTE FELLOUS

Je suis née à l’Ariana , jolie banlieue pas loin de Tunis, où paraît-il l’air était plus pur que dans la capitale et où l’on cultivait les fameuses petites roses au parfum sublime si réputées dans tout le pays.Enfance heureuse et gâtée.
Depuis mon plus jeune âge, mon père et moi prenions le tramway N°6, pour descendre à Tunis et, la main dans la main, il m’accompagnait à l’école des Sœurs « de Notre Dame de Sion » pour que je devienne, comme disait maman, une petite fille modèle et bien élevée.Souvenirs très doux de ces années passées dans cette institution.
Puis changement de programme,pour l’entrée en 6ème, mes parents trouvaient que certains principes donnés par mes religieuses n’étaient pas les leurs, ce qui provoquait des discussions et ils préférèrent m’inscrire au Lycée Armand Fallières, pour poursuivre ma scolarité.Mes parents adoraient l’Opéra et le théâtre et souvent, nous allions en famille applaudir les artistes de passage. Un dimanche, je devais avoir 13 ou 14 ans,on donnait au théâtre municipal une pièce juive très émouvante « le Dibbouk » d’un auteur polonais An SKY.
J’ai ressenti pendant cette représentation un choc émotionnel intense.En recevant à la maison encore bouleversée, j’annonçais à mes parents
« plus tard je serai comédienne !».
Je passe sur les réactions de mon père…
Puis le temps adoucit les choses ! Un jour, miracle... J’apprends qu’il y avait un concours d’entrée à l’école de théâtre de l’ESSOR, c’était en 1946 !
Je supplie qu’on me laisse tenter ma chance.Le OUI a été bien faible, mais suffisant et aussitôt je cours m’inscrire ; et surprise, je tombe sur mon cher Pipo ZERAH ( notre chef de chorale actuel) qui lui aussi voulait tenter l’aventure. Je réussis cette épreuve et quelque temps après, je fais partie de la troiupe l’ESSOR
Quelle émotion ! et quel bonheur !
Le Président Alexandre FICHET, peintre de talent, avait fondé cette compagnie théâtrale, amateur, d’un niveau quasi professionnel, qui se produisait au théâtre municipal de Tunis, tous les mois, trois fois de suite avec un spectacle nouveau classique ou moderne.L’ESSOR, « théâtre pour tous «, a été une innovation culturelle sans précédent et cela, nous le devons à son président, qui a été une grande figure pour la Tunisie. Il avait tellement d’importance dans le paysage culturel du pays, et aussi dans le rayonnement de la culture française, que lors de son cinquantenaire , un timbre commémoratif a été édité par l’administration des postes à l’effigie du Président FICHET.
Mon premier grand rôle a été « Sylvie et le fantôme » d’Alfred ADAM, où je jouais pour la première fois avec mon ami d’enfance René HAIAT (René VIGNON). Je jouais une ingénue émerveillée de la vie et de tout ce qui lui arrivait…. Et moi aussi, je l’étais dans la réalité !La critique fut excellente.
Puis a suivi un classique de MUSSET « il ne faut jurer de rien » avec le grand comédien Jacques FOULON (Jack MATHOT) professeur de lettres au lycée Carnot.
Tout de suite après, changement de personnage, plus complexe et dramatique : « Notre Dame d’en Haut » de Jean Jacques BERNARD (le fils de Tristan) qui fut un ami très cher par la suite, car j’ai joué 3 de ses pièces
Ensuite, « l’or et la paille » de BARILLET et GREDY, « la Belle au bois dormant » de SUPERVIELLE, « la maison de Bernarda » de Garcia LORCA, et puis encore…et encore… et tant de pièces encore …!
Les soirées théâtrales étaient toujours attendues avec impatience par un public nombreux et enthousiaste. Nous avons eu aussi le grand honneur, dans un concours de jeunes compagnies à Vichy, de recevoir le premier prix d’interprétation dans la pièce de Armand SALACROU « Pourquoi pas moi ?« . Cela a été une grande fierté pour l’ESSOR qui a ainsi défendu
les couleurs tunisiennes.
Un jour, le Président FICHET va voir mes parents et leur conseille de m’envoyer à Paris, pour passer le concours du Conservatoire :
« Je pense, leur dit-il, qu’il serait intéressant pour votre fille, de continuer à apprendre et à se perfectionner dans cette voie « .
A ces mots magiques, que d’hésitations en famille pour la décision finale !
Enfin, je pars avec ma mère chez mon oncle avec la bénédiction des miens, de mes amis, pour passer ce fameux Concours.
Et miracle, je réussis !
Que dire ! je me sentais si petite, si loin des connaissances de mes nouveaux camarades, entourée de professeurs prestigieux les plus grands comédiens de la Comédie Française pleins d’égards et de bonté pour cette jeune fille qui venait de loin pour apprendre la comédie. …
On m’appelait « Fleur de palmier « en souvenir de ma Tunisie lointaine.
Georges DUHAMEL, (de l’Académie Française) grand ami du président FICHET, et son épouse Blanche Albane, m’ont beaucoup soutenue et aidée me considérant un peu comme leur fille, me guidant et me conseillant avec toute la tendresse du monde.
Ambiance sérieuse, dure, travail intense… Beaucoup de volonté et de ténacité. Je voulais arriver et faire honneur à mes très chers parents.

Un matin, coup de tonnerre, je reçois un télégramme :
« maman gravement malade, viens vite !!! »
Sans réfléchir j’abandonne tout ! Mes livres mon travail, mes engagements ( j’avais également une émission avec Pierre SABBAG à la radio, au POSTE PARISIEN …)
J’abandonne tout….
J’arrive enfin à Tunis, chez nous, à la maison. Toute la famille était là. Je ne reconnais pas la maman que j’avais laissée …..
C’est quand elle m’a serrée si fort dans ses bras que j’ai compris qu’elle avait besoin tout simplement de tous ses enfants pour vivre !
Mon absence avait certainement contribué à aggraver son état. Je me sentais en partie responsable.
Puis tout doucement, maman reprend goût à la vie, enfin elle va mieux !
Il FALLAIT que j’abandonne mes rêves.
Coïncidence, quelques jours après, et tout à fait par hasard, je rencontre celui qui va devenir mon époux et qui, par la suite, me promet que je pourrais continuer de jouer au théâtre autant que je le désirerais, tout en me rendant heureuse et en me donnant des enfants.
Pour cette époque, pour un jeune homme bien de chez nous, une telle réaction m’a parue exceptionnelle et rare. J’ai été bouleversée par cette ouverture d’esprit et cette intelligence du cœur.
Le vœu non avoué de maman chérie était exaucé.C’ETAIT MON DESTIN .

Et naturellement je retrouve, le cœur battant, la troupe de l’ESSOR, mon cher Président, l’affection, la chaleur et la joie de recommencer à faire du théâtre avec mes anciens amis..
J’ai joué à l’ESSOR pendant 18 ans !
Mon dernier rôle (avant de quitter précipitamment la Tunisie) fut « TURCARET » de Lesage où je ne quittais pas la scène pendant 5 actes, dans un rôle superbe de grande coquette classique.Ensuite, tout bascule en 1962, à la suite des évènements, nous sommes obligés de partir, de tout laisser, et de quitter tout ce que nous avons tant aimé.
Immense déchirement… Retour à Paris.Réadaptation difficile puis petit à petit tout s’éclaire…Le théâtre… encore et toujours…
Je suis engagée à la Télévision française pour jouer la Reine de France dans « Thierry la Fronde » .
Puis il y a eu « Foncouverte », ensuite le « Temps des copains ».
Je joue également avec la troupe de mon ami Gilbert CHIKLI « le Ghetto de Varsovie » d’un auteur polonais Rabinovith, au théâtre Edouard VII.
Et à présent, je fais partie d’une association culturelle « LE CERCLE DES PARISIENNES » à laquelle je prête mon concours quelque fois.
C’est pour moi une immense joie de pouvoir encore m’exprimer !!
Un clin d’œil encore sur le passé :
A Paris, nous rencontrons, à la belle saison, de jeunes yaouleds qui vendent des brins de jasmin ou de fleurs d’oranger avec, au centre du minuscule bouquet, la petite rose de l’Ariana pour nous rappeler simplement les parfums et la douceur de là-bas.

2 commentaires:

  1. En 1952,a Tunis,je suis en classe finale au Lycee Carnot.Plusieurs professeurs font partie d'une troupe de theatre amateur qui joue d'Oct. a Juin au Theatre municipal de Tunis.Ma soeur est marie a un des acteurs amateur:Maurice Attali.Je suis spectateur.Et un jour,il me propose de remplacer un des participants de la troupe:le souffleur.En effet,a l'epoque,sans souffleur,il n'y a pas de troupe:dans plusieurs pieces de theatre,des phrases entieres sont repetees plusieurs fois,du debut a la fin de la piece....et il y a un grand danger que l'artiste poursuivant cette phrase ,enchaine du 1er au 4eme acte...Un exemple:Les fourberies de Scapin",la phrase "Que Diable avait-il faire dans cette galere" est repete a chaque acte plusieurs fois...Ginette Fellous etait pour moiBette Davis ou Greta Garbo....J'aieu 86 ans le !er Avril 2021 et,photos a l'appuis je me souviens des representations et plus encore des repetitions...

    RépondreSupprimer
  2. J'ajoute que j'ai "souffle" de 1952 a 1954 et les deux dernieres annees,instituteur a 60kms de Tunis,j'arrivais a Tunis ,en scooter,1 heure avant le debut de la representation et retournais au village le meme soir.

    RépondreSupprimer