vendredi 23 janvier 2009
NOUS AVONS VECU HEUREUX EN TUNISIE
Bruno BOCCARA
Le texte qui suit a été écrit par Bruno Boccara et m’a été adressé grâce à André Zerah par maître LIPMAN-W, son épouse.
En réalité ce texte fait partie d’un ensemble que Bruno Boccara n’a pas pu mettre en forme Mais cette section est si riche d’information et et d’émotion qu’il me parait justifié de l’intégrer telle quelle. Bien entendu ces lignes ne seraient publiées dans l’éventualité de la réalisation d’un livre qu’avec l’autorisation de madame Lipman-Boccara.
Chapitre E : La guerre en Tunisie
L’occupation
L’occupation en Tunisie a commencé dès le lendemain du débarquement des troupes alliées à Alger. Dès le 9 novembre, nous avons vu arriver des Junkers lourdement chargés de troupes et en un rien de temps, on a vu se former une armée allemande qui arrivé à stopper l’arrivée des troupes anglo-américaines aux environs de Medjez El Bab.
L’occupation allemande et les juifs. – Sur ce que fut la situation des juifs pendant l’occupation allemande : le plus simple est de renvoyer à une série d’ouvrages consacrés à cette période. Cf. notamment Robert Borgel « Etoile jaune et croix gammées », Paul Guez « Six mois sous la botte ». Jacques Savy « Les juifs de Tunisie sous Vichy et l’occupation » ; Arthur Pellegrin : « Journal de guerre du 8 novembre 1942 au 16 juin 1943 (Université de Nice 1986) ; A. Levy « Les cent quatre vingt jours de Tunis »
Pour ma part, je me bornerai à souligner certains aspects de cette occupation.
A l’origine, la situation des juifs a été dirigée par deux SS : Paul et Zevequé qui ont, d’entrée, pris une série de mesures dont je ne retiendrai que trois : l’organisation des travailleurs juifs ; la prise d’otages ; et la mise à la charge de la communauté juive au paiement de fortes sommes.
Je voudrais toutefois, avant d’évoquer un certain fait, avancer trois propositions : Les travailleurs juifs et les devoirs de l’historien.
a) – Il y a la terrible responsabilité des nazis pour la réalisation du génocide .
b) – Il y a la responsabilité nationale du peuple allemand qui avait élu un gouvernent coupable de ce génocide.
c) – Mais le comportement de certains allemands démontre que tous les allemands n’étaient ni des nazis, ni des antisémites.
Je considère à tort ou à raison quoiqu’en disent ceux mes proches, dont les parents ont été déportés et exterminés que le devoir de l’histoire nous impose d’éviter l’amalgame.
Sur la situation particulière des travailleurs juifs. – Les travailleurs juifs avaient exclusivement un statut d’auxiliaire de l’armée allemande qui s’en servait pour effectuer différents travaux.
Les travailleurs juifs avaient les mêmes rations que l’armée allemande et l’un de mes amis disait « J’ai rarement aussi bien mangé ».
Le nouvel an à Bizerte. – A Bizerte, il y a eu très rapidement des relations très amicales entre le capitaine et le chef des travailleurs juifs.
Le 31 décembre 1942, tout le monde avait festoyé avec force libations et le capitaine allemand dit au chef des travailleurs juifs « Il faut que les juifs se mettent au garde à vous lorsque nous allons chanter le « Deutschland Uber Alles» et le chef des travailleurs juifs avait donné son accord sous la condition que les soldats allemands se mettraient ensuite également au garde à vous pour chanter « La Tikva ».
Certains notables juifs des villes dites « de l’intérieur » n’hésitaient pas à nouer des relations personnelles avec les officiers allemands et italiens des forces d’occupation, ce qui permit de faire évacuer, des camps de travail, de nombreux malades bien avant la libération.
Sur les morts pendant l’occupation. - Il y a eu toute une série de morts sous l’occupation. Il y a eu ceux qui ont été déporté. Je pense notamment à mon confrère Victor Cohen Hadria qui avait été pris pour son frère qui était un dignitaire du parti socialiste. Mais il faut souligner que c’est encore aux forteresses volantes américaines que Tunis a payé le plus lourd tribut. Car elles volaient à une telle hauteur qu’en visant le port, les bombes atteignaient le cœur de la ville. Je pense à l’immeuble de l’avenue Roustan où ont péri le père et le frère de mon ami César Zibi.
La libération
La libération de Tunis s’est réalisée dans des conditions exceptionnelles de soudaineté en raison de la percée de la huitième armée. Deux détails : un officier de liaison, le lieutenant Waddington a pu parvenir en motocyclette avec son uniforme d’officier anglais jusqu’à la place de la Résidence sans que nul ne s’en aperçoive pendant que les officiers allemands circulaient paisiblement sur l’avenue Jules Ferry. Je me situais à cette époque près de la deuxième porte du Belvédère et des allemands sont arrivés en vociférant ce qui a amené les soldats à se mettre en position avec leurs mitrailleuses.
Lorsque l’arrivée des alliés a été connue, il y a eu immédiatement des règlements de compte.
Les soldats allemands étaient tantôt faits prisonniers, tantôt abattus sur place. Puis pendant la nuit des graffitis ont été immédiatement placés par les communistes en indiquant « « Tous à onze heures au passage ». L’entrée des troupes de la Huitième Armée a eu lieu le lendemain, dans un climat de festivité par une population de centre ville qui était majoritairement juive avec de surcroît, le défilé spectaculaire de chars avec des conducteurs noircis par leurs batailles dans le désert.
L’armée
Le conflit entre l’armée de Gaulle et l’armée de Giraud. - A la libération, il y a eu une véritable course de vitesse entre l’armée de Gaulle et l’armée du Général Giraud.
Tout le monde voulait s’engager chez de Gaulle, mais très rapidement on refusa nos engagements. Nous avons su, par la suite, que le mot d’ordre a été qu’il ne fallait pas trop de juifs chez de Gaulle.
Les chantiers de jeunesse à Ain Draham – Quoiqu’il en soit, le gouvernement de l’époque nous avait immédiatement mobilisés. Sur cette mobilisation, un prélude et deux étapes. Le prélude ce fut une nuit passée dans une salle immense que je suis bien incapable d’identifier et dans laquelle ceux qui y ont participé auront le souvenir d’un vacarme et de grossièretés comme seuls nous en étions capables à l’époque.
La première étape ce fut Ain Draham, c’est-à-dire les chantiers de jeunesse. Vie agréable, en pleine forêt avec tout ce qui caractérisait les chantiers de jeunesse à l’époque, c’est-à-dire le décrassage à l’aube etc…
Puis nous avons été intégrés l’armée dans un camp à Tabarka. Souvenirs émus de ce séjour où avec mes meilleurs amis nous avons connu les joies de la vie militaire avec un adjudant tiré de Courteline et un lieutenant qui, avec ses gants blancs, vérifiait que notre fusil était bien dégraissé.
C’est lors de ce séjour que j’ai changé de physionomie ; les cheveux coupés et des marches de vingt kilomètres avec fusil sur l’épaule. Mais comme toujours seuls émergent les bons souvenirs.
Lorsque mon père avait demandé s’il pouvait intervenir, je lui ai indiqué « Je ne te demande qu’une chose, de ne pas être dans l’infanterie ». La moralité de l’histoire c’est que j’ai été affecté successivement dans les tirailleurs marocains puis dans les tirailleurs tunisiens.
La compagnie de base de Bizerte. - Par la suite j’ai été affecté à la compagnie de base à Bizerte où j’étais devenu le secrétaire du commandant de compagnie.
A l’époque, Bizerte était totalement détruit et je fréquentais de préférence le foyer des noirs qui comportait des orchestres de jazz fabuleux et qui était dirigé par les plus belles métisses que j’ai jamais vues. Comme nous étions de jeunes crétins, nous n’avions rien trouvé de mieux que de se saluer en faisant le salut hitlérien, Ce qui était extraordinaire, c’était l’extrême placidité c’était la placidité des américains qui nous interrogeaient « are you german » ?
Condamné à mort en violation du contradictoire. – Pendant cette drôle de guerre, il m’est arrivé une aventure assez extraordinaire : je me promenais en ville avec une amie la belle Adrienne Rizzo et le lieutenant Waddington.
Nous avons été alors apostrophés par un inspecteur de police qui était persuadé qu’il avait affaire à une prostituée qui avait racolé deux soldats américains. Il nous ramène au commissariat en disant incidemment « Est-ce qu’ils ont cru que j’étais un juif, une demi-portion etc … » après cela Waddington démontre qui était un officier anglais et part immédiatement. Quant à Adrienne Rizzo, elle a appelé son beau-frère qui était un officier français qui l’a fait immédiatement libérer.
Quant à moi, je rentre raconter l’incident à mon père et comme mon père était totalement inconscient, il m’a répondu « Tu n’as qu’à écrire au Directeur des services de sécurité ».
C’est dans ce contexte que j’ai pris ma plus belle plume et que j’ai adressé au directeur des services de sécurité une belle lettre comportant tout le laïus dont j’étais capable à l’époque du genre « Au moment où tous les français sont sans distinction de race ou de religion versent leur sang sur les champs de bataille, il est inadmissible que… etc..).
Un ou deux mois après, je suis appelé par mon capitaine qui me dit sur un ton extrêmement grave « Qu’avez-vous fait ? » et sur mon propre étonnement, il m’apprend que j’ai été condamné à quarante cinq jours de prison dont quinze jours de prison avec envoi immédiat sur un terrain extérieur par le Général, Commandant supérieur des troupes de Tunisie « pour accusation reconnue fausse contre un agent de l’autorité ». J’ai d’ailleurs toujours la photocopie de cette décision.
Il s’agissait donc de la violation du contradictoire la plus grossière et de surcroît, compte tenu des massacres que connaissait à l’époque l’armée d’Italie, équivalait à une condamnation à mort.
J’ai été immédiatement dirigé vers un lieu d’embarquement, j’ai eu la chance de trouver un dentiste qui était un ami de la famille à qui j’ai raconté ce qui m’arrivait et qui est intervenu auprès du colonel en lui affirmant que de toute évidence, j’étais victime d’un récit mensonger et le colonel, qui a parfaitement compris, m’a dispensé de la cellule en m’indiquant toutefois que je partirai prochainement.
A cette époque, être muté sur un théâtre d’opérations extérieures, c’était pratiquement pour un tirailleur les plus fortes chances de mourir. C’est toutefois sur ces entrefaites qu’est intervenue providentiellement une circulaire indiquant que, dorénavant, les français ne seraient plus mutés en Italie.
Le texte qui suit a été écrit par Bruno Boccara et m’a été adressé grâce à André Zerah par maître LIPMAN-W, son épouse.
En réalité ce texte fait partie d’un ensemble que Bruno Boccara n’a pas pu mettre en forme Mais cette section est si riche d’information et et d’émotion qu’il me parait justifié de l’intégrer telle quelle. Bien entendu ces lignes ne seraient publiées dans l’éventualité de la réalisation d’un livre qu’avec l’autorisation de madame Lipman-Boccara.
Chapitre E : La guerre en Tunisie
L’occupation
L’occupation en Tunisie a commencé dès le lendemain du débarquement des troupes alliées à Alger. Dès le 9 novembre, nous avons vu arriver des Junkers lourdement chargés de troupes et en un rien de temps, on a vu se former une armée allemande qui arrivé à stopper l’arrivée des troupes anglo-américaines aux environs de Medjez El Bab.
L’occupation allemande et les juifs. – Sur ce que fut la situation des juifs pendant l’occupation allemande : le plus simple est de renvoyer à une série d’ouvrages consacrés à cette période. Cf. notamment Robert Borgel « Etoile jaune et croix gammées », Paul Guez « Six mois sous la botte ». Jacques Savy « Les juifs de Tunisie sous Vichy et l’occupation » ; Arthur Pellegrin : « Journal de guerre du 8 novembre 1942 au 16 juin 1943 (Université de Nice 1986) ; A. Levy « Les cent quatre vingt jours de Tunis »
Pour ma part, je me bornerai à souligner certains aspects de cette occupation.
A l’origine, la situation des juifs a été dirigée par deux SS : Paul et Zevequé qui ont, d’entrée, pris une série de mesures dont je ne retiendrai que trois : l’organisation des travailleurs juifs ; la prise d’otages ; et la mise à la charge de la communauté juive au paiement de fortes sommes.
Je voudrais toutefois, avant d’évoquer un certain fait, avancer trois propositions : Les travailleurs juifs et les devoirs de l’historien.
a) – Il y a la terrible responsabilité des nazis pour la réalisation du génocide .
b) – Il y a la responsabilité nationale du peuple allemand qui avait élu un gouvernent coupable de ce génocide.
c) – Mais le comportement de certains allemands démontre que tous les allemands n’étaient ni des nazis, ni des antisémites.
Je considère à tort ou à raison quoiqu’en disent ceux mes proches, dont les parents ont été déportés et exterminés que le devoir de l’histoire nous impose d’éviter l’amalgame.
Sur la situation particulière des travailleurs juifs. – Les travailleurs juifs avaient exclusivement un statut d’auxiliaire de l’armée allemande qui s’en servait pour effectuer différents travaux.
Les travailleurs juifs avaient les mêmes rations que l’armée allemande et l’un de mes amis disait « J’ai rarement aussi bien mangé ».
Le nouvel an à Bizerte. – A Bizerte, il y a eu très rapidement des relations très amicales entre le capitaine et le chef des travailleurs juifs.
Le 31 décembre 1942, tout le monde avait festoyé avec force libations et le capitaine allemand dit au chef des travailleurs juifs « Il faut que les juifs se mettent au garde à vous lorsque nous allons chanter le « Deutschland Uber Alles» et le chef des travailleurs juifs avait donné son accord sous la condition que les soldats allemands se mettraient ensuite également au garde à vous pour chanter « La Tikva ».
Certains notables juifs des villes dites « de l’intérieur » n’hésitaient pas à nouer des relations personnelles avec les officiers allemands et italiens des forces d’occupation, ce qui permit de faire évacuer, des camps de travail, de nombreux malades bien avant la libération.
Sur les morts pendant l’occupation. - Il y a eu toute une série de morts sous l’occupation. Il y a eu ceux qui ont été déporté. Je pense notamment à mon confrère Victor Cohen Hadria qui avait été pris pour son frère qui était un dignitaire du parti socialiste. Mais il faut souligner que c’est encore aux forteresses volantes américaines que Tunis a payé le plus lourd tribut. Car elles volaient à une telle hauteur qu’en visant le port, les bombes atteignaient le cœur de la ville. Je pense à l’immeuble de l’avenue Roustan où ont péri le père et le frère de mon ami César Zibi.
La libération
La libération de Tunis s’est réalisée dans des conditions exceptionnelles de soudaineté en raison de la percée de la huitième armée. Deux détails : un officier de liaison, le lieutenant Waddington a pu parvenir en motocyclette avec son uniforme d’officier anglais jusqu’à la place de la Résidence sans que nul ne s’en aperçoive pendant que les officiers allemands circulaient paisiblement sur l’avenue Jules Ferry. Je me situais à cette époque près de la deuxième porte du Belvédère et des allemands sont arrivés en vociférant ce qui a amené les soldats à se mettre en position avec leurs mitrailleuses.
Lorsque l’arrivée des alliés a été connue, il y a eu immédiatement des règlements de compte.
Les soldats allemands étaient tantôt faits prisonniers, tantôt abattus sur place. Puis pendant la nuit des graffitis ont été immédiatement placés par les communistes en indiquant « « Tous à onze heures au passage ». L’entrée des troupes de la Huitième Armée a eu lieu le lendemain, dans un climat de festivité par une population de centre ville qui était majoritairement juive avec de surcroît, le défilé spectaculaire de chars avec des conducteurs noircis par leurs batailles dans le désert.
L’armée
Le conflit entre l’armée de Gaulle et l’armée de Giraud. - A la libération, il y a eu une véritable course de vitesse entre l’armée de Gaulle et l’armée du Général Giraud.
Tout le monde voulait s’engager chez de Gaulle, mais très rapidement on refusa nos engagements. Nous avons su, par la suite, que le mot d’ordre a été qu’il ne fallait pas trop de juifs chez de Gaulle.
Les chantiers de jeunesse à Ain Draham – Quoiqu’il en soit, le gouvernement de l’époque nous avait immédiatement mobilisés. Sur cette mobilisation, un prélude et deux étapes. Le prélude ce fut une nuit passée dans une salle immense que je suis bien incapable d’identifier et dans laquelle ceux qui y ont participé auront le souvenir d’un vacarme et de grossièretés comme seuls nous en étions capables à l’époque.
La première étape ce fut Ain Draham, c’est-à-dire les chantiers de jeunesse. Vie agréable, en pleine forêt avec tout ce qui caractérisait les chantiers de jeunesse à l’époque, c’est-à-dire le décrassage à l’aube etc…
Puis nous avons été intégrés l’armée dans un camp à Tabarka. Souvenirs émus de ce séjour où avec mes meilleurs amis nous avons connu les joies de la vie militaire avec un adjudant tiré de Courteline et un lieutenant qui, avec ses gants blancs, vérifiait que notre fusil était bien dégraissé.
C’est lors de ce séjour que j’ai changé de physionomie ; les cheveux coupés et des marches de vingt kilomètres avec fusil sur l’épaule. Mais comme toujours seuls émergent les bons souvenirs.
Lorsque mon père avait demandé s’il pouvait intervenir, je lui ai indiqué « Je ne te demande qu’une chose, de ne pas être dans l’infanterie ». La moralité de l’histoire c’est que j’ai été affecté successivement dans les tirailleurs marocains puis dans les tirailleurs tunisiens.
La compagnie de base de Bizerte. - Par la suite j’ai été affecté à la compagnie de base à Bizerte où j’étais devenu le secrétaire du commandant de compagnie.
A l’époque, Bizerte était totalement détruit et je fréquentais de préférence le foyer des noirs qui comportait des orchestres de jazz fabuleux et qui était dirigé par les plus belles métisses que j’ai jamais vues. Comme nous étions de jeunes crétins, nous n’avions rien trouvé de mieux que de se saluer en faisant le salut hitlérien, Ce qui était extraordinaire, c’était l’extrême placidité c’était la placidité des américains qui nous interrogeaient « are you german » ?
Condamné à mort en violation du contradictoire. – Pendant cette drôle de guerre, il m’est arrivé une aventure assez extraordinaire : je me promenais en ville avec une amie la belle Adrienne Rizzo et le lieutenant Waddington.
Nous avons été alors apostrophés par un inspecteur de police qui était persuadé qu’il avait affaire à une prostituée qui avait racolé deux soldats américains. Il nous ramène au commissariat en disant incidemment « Est-ce qu’ils ont cru que j’étais un juif, une demi-portion etc … » après cela Waddington démontre qui était un officier anglais et part immédiatement. Quant à Adrienne Rizzo, elle a appelé son beau-frère qui était un officier français qui l’a fait immédiatement libérer.
Quant à moi, je rentre raconter l’incident à mon père et comme mon père était totalement inconscient, il m’a répondu « Tu n’as qu’à écrire au Directeur des services de sécurité ».
C’est dans ce contexte que j’ai pris ma plus belle plume et que j’ai adressé au directeur des services de sécurité une belle lettre comportant tout le laïus dont j’étais capable à l’époque du genre « Au moment où tous les français sont sans distinction de race ou de religion versent leur sang sur les champs de bataille, il est inadmissible que… etc..).
Un ou deux mois après, je suis appelé par mon capitaine qui me dit sur un ton extrêmement grave « Qu’avez-vous fait ? » et sur mon propre étonnement, il m’apprend que j’ai été condamné à quarante cinq jours de prison dont quinze jours de prison avec envoi immédiat sur un terrain extérieur par le Général, Commandant supérieur des troupes de Tunisie « pour accusation reconnue fausse contre un agent de l’autorité ». J’ai d’ailleurs toujours la photocopie de cette décision.
Il s’agissait donc de la violation du contradictoire la plus grossière et de surcroît, compte tenu des massacres que connaissait à l’époque l’armée d’Italie, équivalait à une condamnation à mort.
J’ai été immédiatement dirigé vers un lieu d’embarquement, j’ai eu la chance de trouver un dentiste qui était un ami de la famille à qui j’ai raconté ce qui m’arrivait et qui est intervenu auprès du colonel en lui affirmant que de toute évidence, j’étais victime d’un récit mensonger et le colonel, qui a parfaitement compris, m’a dispensé de la cellule en m’indiquant toutefois que je partirai prochainement.
A cette époque, être muté sur un théâtre d’opérations extérieures, c’était pratiquement pour un tirailleur les plus fortes chances de mourir. C’est toutefois sur ces entrefaites qu’est intervenue providentiellement une circulaire indiquant que, dorénavant, les français ne seraient plus mutés en Italie.
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