mercredi 11 février 2009
L'EPOPEE TOUNSI-GRANA - LETTRE DE Mme TSILLA LEVY ZERAH
PARIS, LE 30 Mai 2008
Monsieur,`
Des amies m’ont fait savoir que vous recherchiez des témoignages sur la Tunisie du temps du protectorat.Je suis la fille de Monsieur Raphaël LEVY, qui fut Directeur des Ecoles de l’Alliance en Tunisie, et qui, sous le pseudonyme de Ryvel, publia de nombreux ouvrages.
Il publia notamment en 1937, un recueil de poésies intitulé « chants du ghetto » dont j’ai extrait certaines poésies ayant trait à des villes.
Je vous envoie donc, à toutes fins, ces photocopies.
En ce qui me concerne, je suis née à Tunis, d’une mère née en Bulgarie, elle-même enseignante de l’Alliance israélite et qui avait demandé sa nomination à Tunis car, très musicienne, elle avait appris qu’il y avait une belle saison d’opéra à Tunis.
Et ce, en 1920 …
Elle y connut mon père et l’épousa.
J’ai quitté Tunis avec mes parents en 1935, car ils avaient été nommés comme Directeurs à Sousse, puis nous avons quitté Sousse pour Casablanca en 1939.
Nous retournions à Tunis en 1945.
J’ai été frappée par l’impression d’une société fragmentée et où chaque communauté vivait sans contact avec les autres.
Notamment j’ai été frappée de voir que la bourgeoisie juive qui, sous l’égide de « Nos petits » assurait les repas de midi aux élèves des écoles de l’alliance, manifestait une certaine condescendance à l’égard des enseignantes de l’école, qui bénévolement, aidaient aux services.
C’est d’ailleurs ce que l’on retrouve dans le livre de mon père, écrit vers 1950 et qui vient d’être publié « Destins » éditeur « Le Manuscrit », dont je vous adresse un bref extrait.
Ce qui m’a choqué également c’est que même devant la mort, la ségrégation existait.Il y avait deux cimetières ou carré juifs , le « tunisien » et celui destiné aux non tunisiens, le portugais, parfois appelé « livournais ».
J’ai vu cette ségrégation se faire dans ma propre famille : une de mes tantes ayant épousé un tunisien, s’est vu refuser le repas avec les autres membres de la famille car elle était, de par son mariage, devenue de rite tunisien !
Et que dire des communautés entre elles ! Ce n’est que lorsque, devenue avocate, j’ai fréquenté le Palais de Justice, que j’ai pu nouer des liens avec des confrères musulmans ou « français » comme on le disait de ceux qui n’étaient pas tunisiens d’origine.
Au palais, entre avocats, les liens étaient certains.
Voici ce que je peux dire de cette période de ma vie.Avec mes salutations.
Monsieur,`
Des amies m’ont fait savoir que vous recherchiez des témoignages sur la Tunisie du temps du protectorat.Je suis la fille de Monsieur Raphaël LEVY, qui fut Directeur des Ecoles de l’Alliance en Tunisie, et qui, sous le pseudonyme de Ryvel, publia de nombreux ouvrages.
Il publia notamment en 1937, un recueil de poésies intitulé « chants du ghetto » dont j’ai extrait certaines poésies ayant trait à des villes.
Je vous envoie donc, à toutes fins, ces photocopies.
En ce qui me concerne, je suis née à Tunis, d’une mère née en Bulgarie, elle-même enseignante de l’Alliance israélite et qui avait demandé sa nomination à Tunis car, très musicienne, elle avait appris qu’il y avait une belle saison d’opéra à Tunis.
Et ce, en 1920 …
Elle y connut mon père et l’épousa.
J’ai quitté Tunis avec mes parents en 1935, car ils avaient été nommés comme Directeurs à Sousse, puis nous avons quitté Sousse pour Casablanca en 1939.
Nous retournions à Tunis en 1945.
J’ai été frappée par l’impression d’une société fragmentée et où chaque communauté vivait sans contact avec les autres.
Notamment j’ai été frappée de voir que la bourgeoisie juive qui, sous l’égide de « Nos petits » assurait les repas de midi aux élèves des écoles de l’alliance, manifestait une certaine condescendance à l’égard des enseignantes de l’école, qui bénévolement, aidaient aux services.
C’est d’ailleurs ce que l’on retrouve dans le livre de mon père, écrit vers 1950 et qui vient d’être publié « Destins » éditeur « Le Manuscrit », dont je vous adresse un bref extrait.
Ce qui m’a choqué également c’est que même devant la mort, la ségrégation existait.Il y avait deux cimetières ou carré juifs , le « tunisien » et celui destiné aux non tunisiens, le portugais, parfois appelé « livournais ».
J’ai vu cette ségrégation se faire dans ma propre famille : une de mes tantes ayant épousé un tunisien, s’est vu refuser le repas avec les autres membres de la famille car elle était, de par son mariage, devenue de rite tunisien !
Et que dire des communautés entre elles ! Ce n’est que lorsque, devenue avocate, j’ai fréquenté le Palais de Justice, que j’ai pu nouer des liens avec des confrères musulmans ou « français » comme on le disait de ceux qui n’étaient pas tunisiens d’origine.
Au palais, entre avocats, les liens étaient certains.
Voici ce que je peux dire de cette période de ma vie.Avec mes salutations.
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