dimanche 5 septembre 2010
Grandir dans une famille médicale. par Lucien Moatti
L’inconscience de l’enfance et de la jeunesse l’amène souvent à occulter les problèmes qui l’entourent. Nous gardons de cette période une « nostalgie ensoleillée » alors que, dans ces années 50/60, près de nous, des drames se nouaient, des femmes s’usaient pour nourrir leurs enfants, des enfants mourraient faute de soins, des pères désespéraient de pouvoir un jour leur préparer un avenir, une guerre se déroulait aux frontières. Inconscience ou bulle dans laquelle nos parents nous ont fait évoluer alors qu’ils étaient eux-mêmes engagés dans bien des combats ?
Enfant, adolescent, j’ai grandi, à Tunis, dans une famille privilégiée, sereine, ouverte aux autres, au sein de cette société multiculturelle, multiethnique, multiconfessionnelle. Mes parents ont su m’inculquer ce respect de l’autre qu’ils portaient en eux tout en vivant entièrement insérés dans leur milieu : bourgeois, tuniso-français, juif, et surtout médical, mais aussi italien, agricole, politico-administratif. Mon père Léon MOATTI*, oto-rhino-laryngologiste incontournable, ami de tous, humbles ou puissants, était une référence dans bien des domaines. La maison familiale était un centre névralgique où défilaient les amis de tous bords venus se retrouver pour débattre, à toute époque, des problèmes de l’heure et échanger des idées sur tout et sur rien en un débat ouvert, convivial, chaleureux, toujours serein. Ils y étaient accueillis par Denyse, ma mère, qui par sa douce autorité imprégnait sa marque.
C’est l’été dans la villa de LA MARSA que cette atmosphère si caractéristique de « chez les Moatti » prenait toute sa dimension. Tous les après-midi, après l’heure de la sieste vers 17 heures, du jardin, arrivaient petit à petit les amis. La véranda, face à la mer, abritée du soleil à cette heure-là, avec ses fauteuils confortables, son banc de marbre et sa balustrade peinte en bleu, faisait un accueil chaleureux aux amis de tous les jours ou aux plus intermittents, qui venaient s’installer autour de Léon pour lui apporter les nouvelles et connaître ses réactions. Beaucoup étaient médecins et m’ont permis de découvrir cette société médicale qui un jour, beaucoup plus tard, m’a poussé à en tracer le tableau dans un livre de biographies.*.
Cette villa, œuvre de l’architecte Valensi, ayant appartenue au docteur Emilio CASSUTO* (le père de la Maison du médecin à Tunis), était située à Marsa-Cubes sur une place face à la villa du docteur MASSELOT*, célèbre phtisiologue, et sur l’autre face à celle des BRUN. C’est dans leur imposante villa que vivait, l’été, la famille du docteur Gabriel BRUN* éminent chirurgien de l’hôpital Sadiki, décédé en 1940, que je n’ai donc pas connu. Mais sa veuve Madame le docteur Madeleine ROMME-BRUN*, voisine, amie, intelligente et cultivée faisait partie du groupe de la véranda. En fait les rencontres avaient lieu parfois aussi chez Madame BRUN, certains jours fériés, quand Léon faisait le déplacement, de l’autre coté de la place, en fin de matinée, pour un café ou un apéritif, face à la mer, pour évoquer leurs souvenirs d’internat parisien, puisqu’ils y étaient collègues presque contemporains, ou ceux de Sadiki, leur hôpital à Tunis.
Le premier arrivé, l’après-midi, sur la véranda, presque chaque jour, venant de sa villa voisine, était Chedly BEN ROMDHANE*, à l’élégance princière, l’ami de toujours, adjoint de Léon à l’hôpital. Chafika son épouse le rejoignait souvent, mais la plupart du temps beaucoup plus tard dans l’après-midi. Chedly venait porter les nouvelles des amis et des patients de l’Hôpital. Un jour, il raconta avec sa faconde habituelle : « Tu sais Léon, je viens de rencontrer notre ancien patient de l’hôpital le religieux de la grande mosquée. Il m’a demandé de tes nouvelles en souhaitant très fortement que tu puisses mourir un jour musulman » !!!
Charles SAUMAGNE, non médecin, fin lettré, historien, haut fonctionnaire connaissant parfaitement tous les milieux du pays, des élites aux paysans les plus simples, y venait souvent et restait dîner depuis qu’il était veuf de sa merveilleuse « Titine » à l’accent parigot plus vrai que nature. La conversation avec Monsieur Saumagne était toujours passionnante, qu’il s’agisse de Saint Augustin, de la princesse Tanit, du paysannat dont il était un ardent défenseur, des dernières réformes en cours, de son ami et condisciple Bourguiba ou de son dernier problème de santé. C’était un cours d’Histoire ancienne ou contemporaine permanent.
Elie COHEN-HADRIA*, dermatologiste, militant socialiste, très proche de Léon dans son action pour les enfants malades et défavorisés à l’OSE, parfois avec Lucien TAHAR* Secrétaire général de l ‘Association. Les sujets ne manquaient pas du domaine médical au politique, local et international,
Venaient se joindre le docteur Tahar ZAOUCHE* oto-rhino-laryngologiste, également voisin, dont le langage franc et précis, le regard direct, les opinions tranchées traduisaient l’humaniste à l’éthique rigoureuse, qui l’amenèrent à de très hautes responsabilités, notamment au Conseil de l’Ordre des médecins. Mohamed KORTOBI* ophtalmologiste, installé depuis peu de l’autre côté de la rue passait quelques fois.
Nous y avons vu, également quelquefois, la dynamique et sympathique Jacqueline DAOUD* qui savait illuminer cette assemblée d’hommes de ses réflexions intelligentes. Venant aussi de leur résidence d’été à Marsa-Cubes Roger GANEM*, nommé au même concours d’internat de Paris que Léon, et son épouse Suzanne, avec Ezio et Zouzou BOCCARA. Fernand SMADJA* se joignait au groupe et de sa voix grave dans un français souvent précieux racontait comment sa mère, subjuguée par le docteur LEMANSKI*, toujours élégant et raffiné, l’avait poussé à faire médecine.
Les plateaux de citronnade ou de coupes de glace de chez Salem tournaient sans arrêt pour éponger la soif de ces bavards impénitents, coordonnés par Denyse, maîtresse de maison de haut vol. Parfois Léon devait quitter le groupe pour recevoir un patient venu de la plage voisine, ou du village de Gamarth où notre famille avait tissé des liens étroits depuis si longtemps dès l’époque du grand-père ATTAL et de son vignoble et de ses oliviers, avant même la plantation des arbres fruitiers, (orangers et péchers) par Léon.
La véranda n’était pas très grande et les amis se relayaient. Neila la voisine mitoyenne, amie d’enfance, qui sera la belle-sœur du Président Bourguiba, la famille Zouiten dans toutes ses composantes, des fonctionnaires métropolitains des Administrations et leurs épouses, des amis de Tunis ou de l’Intérieur, agriculteurs, dentistes, avocats. Cette compagnie n’était pas forcément médicale, ni homogène sur les plans des idées et des amitiés mais cohabitait et débattait intelligemment dans ce lieu de consensus. Beaucoup d’autres médecins, avec ou sans leurs épouses, défilaient presque chaque jour. Ils ne seront pas cités tous ici, mais leurs biographies se trouvent dans ma « Mosaïque médicale de Tunisie » dont ils sont parmi les constituants.
Je me nourrissais de ces idées médicales, sociales, politiques littéraires et artistiques.
Quelques-uns de ces médecins m’ont fait faire mes premiers pas en médecine. Le principal, mon premier Patron, fut Sani BENMUSSA* à qui Léon me confia, pour me tester et peut-être me rebuter. Il m’a conduit dans son service de l’hôpital Charles Nicolle, et en entrant avec moi a souligné que « chaque jour de ma carrière je pénètrerai dans un service hospitalier » Là j’ai découvert un monde inconnu, des salles de cinquante malades, comme il n’en existe heureusement plus aujourd’hui, des consultations bondées, bruyantes, impressionnantes, une misère et des souffrances que je ne connaissais pas. J’ai appris, des infirmières, à nettoyer les seringues, à préparer les flacons de pénicilline, à faire des pansements. J’ai appris surtout auprès de André NAHUM*, adjoint du Patron, à ausculter, à palper, à interroger, à faire vraiment mes premiers pas dans ce métier qui sera le mien. Je leur en suis, à tous, infiniment reconnaissant. A cette même période, certains après-midi, avec d’autres camarades issus du PCB nous étions initiés à l’ostéologie par Hassen ABDULWAHAB, interne du service de mon père. Hassen sera plus tard professeur d’ORL à Alger, après l’indépendance. Ce n’est que bien plus tard, à la fin de ma spécialisation, que j’ai passé un an d’internat dans le service de Léon où j’ai tant appris sur la pathologie ORL et la pratique opératoire. Surtout, j’ai appris à connaître mon père par ces contacts professionnels si proches, car depuis mon enfance je l’avais toujours vu absorbé par son service d’hôpital, son Cabinet secondé par son si fidèle, compétent, dévoué Slimen, l’OSE et les autres Associations et tant d’autres choses, qui lui laissaient bien peu de temps pour s’occuper de ma sœur Nicole et de moi .
Grandir dans une telle famille a été aussi enrichissant que frustrant car la barre était haute et il fallait y arriver.
Quelques biographies tirées de « La mosaïque médicale de Tunisie -1800-1950 » par Lucien MOATTI – 2006 GLYPHE-Edit Paris (+ 33 (0)1 53 33 06 23. ;
Léon Moatti est né en 1900 à Sousse. Il décède en 1979. Après une scolarité primaire et secondaire jusqu’à la classe de troisième à Sousse, puis jusqu’au baccalauréat au Lycée Carnot de Tunis, il fait ses études de médecine à Paris où il soutient en 1929 sa thèse
Emilio Cassuto est née en 1875 à Tunis. Il fait ses études de médecine à Paris où il soutient en 1900 sa thèse de doctorat…………
Félix Masselot est né en 1887 Tunis. Il fait ses études de médecine à Bordeaux où il soutient en 1917 sa thèse…………
Gabriel René Eugène Brun est né en 1885 à Milianah (Algérie). Il fait ses études de médecine à Paris où il soutient en 1917 sa thèse……….
Madeleine Romme épouse Brun est née en 1890 à Paris. Elle fait ses études de médecine à Paris où elle soutient en 1919 sa thèse………….
Chedly Ben Romdhane est né en 1904 à Madhia. Il fait ses études de médecine à Paris où il soutient en 1935 sa thèse…….
Elie Cohen-Hadria est né en 1898 à Tunis. Après de brillantes études primaires et secondaires au lycée Carnot de Tunis, il part à Lyon où il soutient en 1922 sa thèse……..
Lucien Tahar dit Tallard est né en 1914 à Sali, au Maroc. Il fait ses études de médecine à Paris où il soutient en 1939 sa thèse……….
Tahar Zaouche est né en 1904 à Tunis. Il fait ses études de médecine à Paris où il soutient en 1932 sa thèse………..
Mokhtar Kortobi est né en 1895 à Tunis. Il soutient à Paris, en 1922, sa thèse………..
Jacqueline Gutmann, épouse Daoud, est née en 1920 à Paris. Elle fait ses études de médecine à Paris où elle soutient en 1949 sa thèse……….
Roger Victor Ganem est né en 1900 à Tunis. Il fait ses études de médecine à Paris, où il présente en 1921 sa thèse…………
Fernand Smadja est né en 1908 à Tunis. Après des études secondaires au lycée Carnot de Tunis, il fait ses études de médecine à Paris où il soutient en 1936 sa thèse……..
Withold Lemanski est né en 1862 à Rive-de-Giers, dans la Loire. Il meurt en 1927. Il fait ses études de médecine à Paris où il soutient en 1893 sa thèse………
Sion Sany Élie Benmussa est né en 1894 à Tunis. Il a fait ses études de médecine à Paris où il soutient sa thèse en 1920……….
André Nahum est né en 1921 à Tunis. Il commence ses études de médecine à la faculté d’Alger en 1940……….
Enfant, adolescent, j’ai grandi, à Tunis, dans une famille privilégiée, sereine, ouverte aux autres, au sein de cette société multiculturelle, multiethnique, multiconfessionnelle. Mes parents ont su m’inculquer ce respect de l’autre qu’ils portaient en eux tout en vivant entièrement insérés dans leur milieu : bourgeois, tuniso-français, juif, et surtout médical, mais aussi italien, agricole, politico-administratif. Mon père Léon MOATTI*, oto-rhino-laryngologiste incontournable, ami de tous, humbles ou puissants, était une référence dans bien des domaines. La maison familiale était un centre névralgique où défilaient les amis de tous bords venus se retrouver pour débattre, à toute époque, des problèmes de l’heure et échanger des idées sur tout et sur rien en un débat ouvert, convivial, chaleureux, toujours serein. Ils y étaient accueillis par Denyse, ma mère, qui par sa douce autorité imprégnait sa marque.
C’est l’été dans la villa de LA MARSA que cette atmosphère si caractéristique de « chez les Moatti » prenait toute sa dimension. Tous les après-midi, après l’heure de la sieste vers 17 heures, du jardin, arrivaient petit à petit les amis. La véranda, face à la mer, abritée du soleil à cette heure-là, avec ses fauteuils confortables, son banc de marbre et sa balustrade peinte en bleu, faisait un accueil chaleureux aux amis de tous les jours ou aux plus intermittents, qui venaient s’installer autour de Léon pour lui apporter les nouvelles et connaître ses réactions. Beaucoup étaient médecins et m’ont permis de découvrir cette société médicale qui un jour, beaucoup plus tard, m’a poussé à en tracer le tableau dans un livre de biographies.*.
Cette villa, œuvre de l’architecte Valensi, ayant appartenue au docteur Emilio CASSUTO* (le père de la Maison du médecin à Tunis), était située à Marsa-Cubes sur une place face à la villa du docteur MASSELOT*, célèbre phtisiologue, et sur l’autre face à celle des BRUN. C’est dans leur imposante villa que vivait, l’été, la famille du docteur Gabriel BRUN* éminent chirurgien de l’hôpital Sadiki, décédé en 1940, que je n’ai donc pas connu. Mais sa veuve Madame le docteur Madeleine ROMME-BRUN*, voisine, amie, intelligente et cultivée faisait partie du groupe de la véranda. En fait les rencontres avaient lieu parfois aussi chez Madame BRUN, certains jours fériés, quand Léon faisait le déplacement, de l’autre coté de la place, en fin de matinée, pour un café ou un apéritif, face à la mer, pour évoquer leurs souvenirs d’internat parisien, puisqu’ils y étaient collègues presque contemporains, ou ceux de Sadiki, leur hôpital à Tunis.
Le premier arrivé, l’après-midi, sur la véranda, presque chaque jour, venant de sa villa voisine, était Chedly BEN ROMDHANE*, à l’élégance princière, l’ami de toujours, adjoint de Léon à l’hôpital. Chafika son épouse le rejoignait souvent, mais la plupart du temps beaucoup plus tard dans l’après-midi. Chedly venait porter les nouvelles des amis et des patients de l’Hôpital. Un jour, il raconta avec sa faconde habituelle : « Tu sais Léon, je viens de rencontrer notre ancien patient de l’hôpital le religieux de la grande mosquée. Il m’a demandé de tes nouvelles en souhaitant très fortement que tu puisses mourir un jour musulman » !!!
Charles SAUMAGNE, non médecin, fin lettré, historien, haut fonctionnaire connaissant parfaitement tous les milieux du pays, des élites aux paysans les plus simples, y venait souvent et restait dîner depuis qu’il était veuf de sa merveilleuse « Titine » à l’accent parigot plus vrai que nature. La conversation avec Monsieur Saumagne était toujours passionnante, qu’il s’agisse de Saint Augustin, de la princesse Tanit, du paysannat dont il était un ardent défenseur, des dernières réformes en cours, de son ami et condisciple Bourguiba ou de son dernier problème de santé. C’était un cours d’Histoire ancienne ou contemporaine permanent.
Elie COHEN-HADRIA*, dermatologiste, militant socialiste, très proche de Léon dans son action pour les enfants malades et défavorisés à l’OSE, parfois avec Lucien TAHAR* Secrétaire général de l ‘Association. Les sujets ne manquaient pas du domaine médical au politique, local et international,
Venaient se joindre le docteur Tahar ZAOUCHE* oto-rhino-laryngologiste, également voisin, dont le langage franc et précis, le regard direct, les opinions tranchées traduisaient l’humaniste à l’éthique rigoureuse, qui l’amenèrent à de très hautes responsabilités, notamment au Conseil de l’Ordre des médecins. Mohamed KORTOBI* ophtalmologiste, installé depuis peu de l’autre côté de la rue passait quelques fois.
Nous y avons vu, également quelquefois, la dynamique et sympathique Jacqueline DAOUD* qui savait illuminer cette assemblée d’hommes de ses réflexions intelligentes. Venant aussi de leur résidence d’été à Marsa-Cubes Roger GANEM*, nommé au même concours d’internat de Paris que Léon, et son épouse Suzanne, avec Ezio et Zouzou BOCCARA. Fernand SMADJA* se joignait au groupe et de sa voix grave dans un français souvent précieux racontait comment sa mère, subjuguée par le docteur LEMANSKI*, toujours élégant et raffiné, l’avait poussé à faire médecine.
Les plateaux de citronnade ou de coupes de glace de chez Salem tournaient sans arrêt pour éponger la soif de ces bavards impénitents, coordonnés par Denyse, maîtresse de maison de haut vol. Parfois Léon devait quitter le groupe pour recevoir un patient venu de la plage voisine, ou du village de Gamarth où notre famille avait tissé des liens étroits depuis si longtemps dès l’époque du grand-père ATTAL et de son vignoble et de ses oliviers, avant même la plantation des arbres fruitiers, (orangers et péchers) par Léon.
La véranda n’était pas très grande et les amis se relayaient. Neila la voisine mitoyenne, amie d’enfance, qui sera la belle-sœur du Président Bourguiba, la famille Zouiten dans toutes ses composantes, des fonctionnaires métropolitains des Administrations et leurs épouses, des amis de Tunis ou de l’Intérieur, agriculteurs, dentistes, avocats. Cette compagnie n’était pas forcément médicale, ni homogène sur les plans des idées et des amitiés mais cohabitait et débattait intelligemment dans ce lieu de consensus. Beaucoup d’autres médecins, avec ou sans leurs épouses, défilaient presque chaque jour. Ils ne seront pas cités tous ici, mais leurs biographies se trouvent dans ma « Mosaïque médicale de Tunisie » dont ils sont parmi les constituants.
Je me nourrissais de ces idées médicales, sociales, politiques littéraires et artistiques.
Quelques-uns de ces médecins m’ont fait faire mes premiers pas en médecine. Le principal, mon premier Patron, fut Sani BENMUSSA* à qui Léon me confia, pour me tester et peut-être me rebuter. Il m’a conduit dans son service de l’hôpital Charles Nicolle, et en entrant avec moi a souligné que « chaque jour de ma carrière je pénètrerai dans un service hospitalier » Là j’ai découvert un monde inconnu, des salles de cinquante malades, comme il n’en existe heureusement plus aujourd’hui, des consultations bondées, bruyantes, impressionnantes, une misère et des souffrances que je ne connaissais pas. J’ai appris, des infirmières, à nettoyer les seringues, à préparer les flacons de pénicilline, à faire des pansements. J’ai appris surtout auprès de André NAHUM*, adjoint du Patron, à ausculter, à palper, à interroger, à faire vraiment mes premiers pas dans ce métier qui sera le mien. Je leur en suis, à tous, infiniment reconnaissant. A cette même période, certains après-midi, avec d’autres camarades issus du PCB nous étions initiés à l’ostéologie par Hassen ABDULWAHAB, interne du service de mon père. Hassen sera plus tard professeur d’ORL à Alger, après l’indépendance. Ce n’est que bien plus tard, à la fin de ma spécialisation, que j’ai passé un an d’internat dans le service de Léon où j’ai tant appris sur la pathologie ORL et la pratique opératoire. Surtout, j’ai appris à connaître mon père par ces contacts professionnels si proches, car depuis mon enfance je l’avais toujours vu absorbé par son service d’hôpital, son Cabinet secondé par son si fidèle, compétent, dévoué Slimen, l’OSE et les autres Associations et tant d’autres choses, qui lui laissaient bien peu de temps pour s’occuper de ma sœur Nicole et de moi .
Grandir dans une telle famille a été aussi enrichissant que frustrant car la barre était haute et il fallait y arriver.
Quelques biographies tirées de « La mosaïque médicale de Tunisie -1800-1950 » par Lucien MOATTI – 2006 GLYPHE-Edit Paris (+ 33 (0)1 53 33 06 23. ;
Léon Moatti est né en 1900 à Sousse. Il décède en 1979. Après une scolarité primaire et secondaire jusqu’à la classe de troisième à Sousse, puis jusqu’au baccalauréat au Lycée Carnot de Tunis, il fait ses études de médecine à Paris où il soutient en 1929 sa thèse
Emilio Cassuto est née en 1875 à Tunis. Il fait ses études de médecine à Paris où il soutient en 1900 sa thèse de doctorat…………
Félix Masselot est né en 1887 Tunis. Il fait ses études de médecine à Bordeaux où il soutient en 1917 sa thèse…………
Gabriel René Eugène Brun est né en 1885 à Milianah (Algérie). Il fait ses études de médecine à Paris où il soutient en 1917 sa thèse……….
Madeleine Romme épouse Brun est née en 1890 à Paris. Elle fait ses études de médecine à Paris où elle soutient en 1919 sa thèse………….
Chedly Ben Romdhane est né en 1904 à Madhia. Il fait ses études de médecine à Paris où il soutient en 1935 sa thèse…….
Elie Cohen-Hadria est né en 1898 à Tunis. Après de brillantes études primaires et secondaires au lycée Carnot de Tunis, il part à Lyon où il soutient en 1922 sa thèse……..
Lucien Tahar dit Tallard est né en 1914 à Sali, au Maroc. Il fait ses études de médecine à Paris où il soutient en 1939 sa thèse……….
Tahar Zaouche est né en 1904 à Tunis. Il fait ses études de médecine à Paris où il soutient en 1932 sa thèse………..
Mokhtar Kortobi est né en 1895 à Tunis. Il soutient à Paris, en 1922, sa thèse………..
Jacqueline Gutmann, épouse Daoud, est née en 1920 à Paris. Elle fait ses études de médecine à Paris où elle soutient en 1949 sa thèse……….
Roger Victor Ganem est né en 1900 à Tunis. Il fait ses études de médecine à Paris, où il présente en 1921 sa thèse…………
Fernand Smadja est né en 1908 à Tunis. Après des études secondaires au lycée Carnot de Tunis, il fait ses études de médecine à Paris où il soutient en 1936 sa thèse……..
Withold Lemanski est né en 1862 à Rive-de-Giers, dans la Loire. Il meurt en 1927. Il fait ses études de médecine à Paris où il soutient en 1893 sa thèse………
Sion Sany Élie Benmussa est né en 1894 à Tunis. Il a fait ses études de médecine à Paris où il soutient sa thèse en 1920……….
André Nahum est né en 1921 à Tunis. Il commence ses études de médecine à la faculté d’Alger en 1940……….
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