LE PIGEON DE YTRO
Parmi les traditions populaires du judaïsme, il existait une coutume exclusivement tunisienne.
Il paraitrait que, dans des temps anciens, une épidémie de peste ou de cholera ( il y en avait beaucoup alors)qui avait décimé l’enfance juive, avait brusquement cessé le jeudi où à la synagogue on lisait les versets de la paracha ( Exode) relatifs à Jethro, le beau-père madianite de Moïse
En souvenir de cette fin d’épidémie, , les tunisiens avaient fait le vœu de célébrer chaque jeudi anniversaire, la fête de Ytro, ou fête des garçons. Rappelons en passant, pour ne pas faire de jalousie, qu’il existe aussi une fête des filles : seoudat el benat.
Pour cette fête de Ytro, il était d’usage dans les familles d’utiliser, en l’honneur des jeunes garçons toute une vaisselle miniature : couverts, assiettes, verres, bouteilles, petites bougies….. Ce matériel était soigneusement mis de coté toute l’année pour servir ce jour là. Comme pour la vaisselle cacher utilisée à Pessah. Et les familles se le transmettaient de génération en génération.
Les mères préparaient donc une dinette spéciale pour cette vaisselle : minis makouds, pâtes en forme, et des mini gâteaux , manicottes, briks au miel , makrouds.
La vedette sur la table était, je ne sais pas pourquoi, un pigeon, de préférence désossé et farci aux œufs et au poulet.
Je me souviens de l’affolement de nombreuses familles tunisoises projetées brutalement à Paris en 1962- 1963, se trouvant dans l’impossibilité de trouver le fameux pigeon chez les marchands de volailles. Catastrophe. Tout s’écroulait. Comment maintenir les traditions dans ces conditions ?. La construction religieuse s’effondrait faute de pouvoir distinguer entre coutumes, superstitions et religion.
Il me souvient que plusieurs groupes avaient, alors, trouvé en dernière minute, trouvé une solution miraculeuse pour sauver leur pigeon farci. Ils avaient trouvé sur les quais, chez les marchands d’oiseaux, parmi les perroquets et les canaris, des pigeons voyageurs, pigeons bagués et ils avaient acheté tout ce que l’on trouvait dans les cages. Un sacrificateur était à leur disposition à Belleville pour égorger les pauvres bêtes et leur permettre ainsi de respecter leur tradition
P.S. je tiens à la disposition du 1 er demandeur ce qui me reste de cette vaisselle de ma petite enfance
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