Bienvenue

Ouvrez vous à l’espérance vous qui entrez dans ce blog !

Et ne vous croyez pas obligés d’être aussi puissants et percutants que Dante. Si vous avez eu plaisir à lire les lignes qui suivent et s’il vous est arrivé de passer d’agréables moments à vous remémorer des souvenirs personnels heureux de votre vie en Tunisie ; si vous éprouvez l’envie de les partager avec des amis plus ou moins proches, adressez les -- sous une forme écrite mais la voix sera peut-être bientôt aussi exploitable -- à l’adresse : jean.belaisch@wanadoo.fr et vous aurez au moins le contentement d’être lus à travers le monde grâce à l’internet et à ses tentacules.

Vous aurez peut-être aussi davantage c'est à dire que d’autres personnes, le plus souvent des amis qui ont vécu les mêmes moments viendront rapporter d’autres aspects de ces moments heureux et parfois corriger des défaillances de votre mémoire qui vous avaient fait prendre pour vérité ce qui était invention de votre cerveau émotionnel.

Ne soyez pas modestes, tout rappel peut être enrichissant, n’hésitez pas à utiliser votre propre vocabulaire, à manier l’humour ou le sérieux, les signes de richesse (y compris intellectuelle) ou les preuves de la pauvreté (y compris d’un moral oscillant). Vous avez toute liberté d’écrire à la condition que vous fassiez preuve de responsabilité puisque d’une façon ou d’une autre nous représentons tous un groupe de personnes qui a aimé la Tunisie et qui a pour d’innombrables raisons, choisi de vivre sur une autre terre.

Bienvenue donc et écrivez dès que vous en sentirez l’envie.


Un des responsables de ce qui pourrait aussi devenir un livre, si vous en éprouvez le désir !

REMARQUE : Les articles sont rangés par années et par mois .

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mardi 8 septembre 2009

AVENTURE TUNISIENNE par Henri SLAMA
VACANCES A RAS DJEBEL

Vers 1932-33, mes parents décidèrent de changer de lieu de vacances. Au lieu de la Goulette ou la Marsa, ils choisirent un endroit où l’air était plus pur (la pollution déjà) et peut-être les locations moins chères et moins m’as-tu vu. J’ai nommé le village de Ras Djebel, dans le Cap Bon, tout près des terres de Raf Raf qui donnent des raisins muscats si savoureux.
L’air pur, la mer belle, que demande le peuple ?
Donc un beau jour, ma mère, mon grand-père âgé, mes deux petites sœurs et moi, avec nos valises et nos couffins,embarquons dans un taxi pour la destination rêvée, mon père devant nous rejoindre à la fin de la semaine. Arrivés sur place, pendant que ma mère va chercher les clés de la location chez la propriétaire, nous jetons un regard sur l’endroit. A l’évidence ça aurait pu être un coin du Pakistan ou du Yémen, un village arabe. Pas une fenêtre ouverte, pas un cinéma, ni un café visible. A coté, une fabrique de limonade artisanale et notre maison jouxte la mosquée.
A mon souvenir, il n’y avait dans le village aucun habitant ou commerçant français ou européen.
Sitôt la porte du logement ouverte, ma mère est saisie par une odeur rance de viande séchée qui flotte sur les chambres et qu’elle ne peut supporter. Nous retroussons nos manches. Le grand père avec un seau tire l’eau du puits qui se trouve au milieu de la cour et ma mère et moi lavons murs et sols à grand renfort de produits détergents.
Ma mère se met ensuite à faire les lits pour mes deux jeunes sœurs mais brusquement en soulevant l’oreiller posé sur les draps propres qu’elle vient de placer, elle aperçoit un gros scorpion. Son sang ne fait qu’un tour. Une fois la surprise passée, elle laisse le grand père et mes sœurs dans la cour, me prend par le bras et nous courons chez la propriétaire. Ma mère explique qu’on ne peut pas demeurer avec ce risque d’autant plus qu’il fait très chaud. Mais la propriétaire la rassure avec beaucoup de véhémence. Il ne nous arrivera aucun mal. D’ailleurs, pour nous rassurer complètement elle va nous donner quelque chose qui élimine tout risque. Elle s’absente un moment et nous remet une enveloppe à placer dans les chambres. Et nous pourrons dormir en toute sécurité.
De retour à la maison, ma mère, après avoir hésité un moment, se décide à ouvrir l’enveloppe .Elle contient apparemment des versets du Coran protection indiquée dans les situations de ce genre.
Ma mère, pas trop convaincue décide d’employer d’autres moyens, d’autant plus que mes sœurs tombent de sommeil après une journée si mouvementée.
Elle nous met, tous en rang et frotte énergiquement nos plantes de pieds avec tout le stock d’ail en notre possession. On arrive à dormir sauf ma mère qui reste aux aguets. Et tout se passe bien par la suite.
Notre vie était rythmée par les appels à la prière du muezzin voisin. On avait l’impression qu’il était dans la maison quand sa voix puissante retentissait à nos oreilles, trois fois par jour. Au moins.
Il y avait dans le village, en même temps que nous plusieurs autres familles juives tunisoises, en villégiature.
Ce qui était amusant, c’est qu’il y avait de la viande « cacher » chez le boucher arabe. Malheureusement pour nous, il ne savait débiter le quartier de bœuf qu’à grands coups de hachette, au désespoir de ma mère qui était habituée à la « marjoua », au « malak » ou aux côtelettes du dimanche chez son boucher habituel et n’est jamais arrivée à se faire servir un rôti ou une entrecôte à Ras Djebel pendant tout notre séjour, jusqu’au moment de rentrer à Tunis, avant les grandes fêtes..
Il n’en reste pas moins que la plage était très belle, des étendues de sable blanc, scintillant au soleil, personne à perte de vue sur des centaines de mètres, une mer de rêve et pour y arriver à des kilomètres du village, je montais sur un dromadaire, ma mère sur un âne, traversions toute une série de dunes, pendant que mon grand-père tout en étudiant son Talmud, avait la garde de mes petites sœurs.

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