lundi 8 juin 2009
le Grand Départ par Henri Slama
LE GRAND DEPART
Depuis l’indépendance de la Tunisie, de petits groupes de juifs tunisiens quittaient chaque année le pays natal. Ils partaient, les citadins en majorité pour la France, et ceux qui quittaient Gabes, Kairouan ou Moknine plutôt pour Israël.
Déjà, depuis l’autonomie interne concédée par Mendès-France, en 1954, les juifs tunisiens ne se sentaient plus en confiance. Les commerçants avaient leurs problèmes de licences d’importation et autres. Les musulmans avaient priorité pour les emplois administratifs. L’arabe devenait, petit à petit, la langue officielle d’un état musulman. Les juifs ne sentaient plus les enfants du pays.
Les milieux populaires craignaient en particulier que, à l’instar d’autres nations musulmanes (exemple de la Libye voisine)), les juifs ne puissent plus obtenir de passeports permettant de sortir du pays sous le prétexte que ceux qui partaient allaient forcément rejoindre l’armée israélienne.
La catastrophe d’Oslo
.
Pour faire face à ce risque, l’Agence Juive avait imaginé et obtenu une autorisation spéciale de sortie pour 60 jeunes, censés être atteints de primo-infection et devant être soignés dans un sanatorium en Norvège., en fait une simple étape avant le départ pour Israël. Par comble de malchance, l’un des deux vieux avions affrétés à cet effet s’écrasait au sol à l’atterrissage à Oslo. Un seul rescapé. En dehors des accompagnateurs et de l’équipage, 27 enfants perdent la vie. Le 22 novembre 1949 est décrété deuil national en Norvège. Mais en Tunisie, la supercherie est découverte et les autorités sont furieuses. Des pogromes sont évités de justesse dans plusieurs villes de Tunisie, grâce à différentes interventions rapides, en particulier celles de l‘Archevêque de Carthage, de certains chefs du Destour et du Dr Moatti. De plus, l’Agence Juive ayant substitué à certains non partants de dernière minute d’autres jeunes, il est impossible de savoir pendant une dizaine de jours qui est vivant et qui est mort.
L’indépendance de la Tunisie, en mars 1956, n’arrangea pas les choses. En dépit de la présence dans le 1er gouvernement tunisien de plusieurs ministres juifs importants, les nouveaux chefs du pays devaient, par ailleurs, récompenser les ex-fellaghas qui avaient combattu pour la libération du territoire, en faire des fonctionnaires, alors que ils étaient souvent illettrés et dans l’incapacité d’occuper correctement des postes de douaniers ou de postiers
La crise de Bizerte
Sur ces entrefaites et dans cette période de tension arrive la crise de Bizerte. En juillet/août 1961, Bourguiba décide brusquement que, pour parfaire l’indépendance, l’occupation de Bizerte, base navale militaire, par les troupes françaises doit cesser, bien qu’un accord existe à ce sujet avec le gouvernement français.
De toutes les villes et villages de la Tunisie, des foules d’hommes, de femmes et d’enfants entament une marche guerrière, en direction de Bizerte lançant des slogans et chantant pour libérer le territoire national. Devant la base, malgré les sommations de la troupe, les foules fanatisées avancent. Les soldats tirent et tuent. On a parlé de plus de 600 morts du coté tunisien et 20 du coté français. .Les foules s’emparent des corps des tués et les exposent de ville en ville.
L’hystérie s’empare du pays. On voit des espions français partout. Il suffit d’une chemise kaki pour crier au parachutiste français camouflé et ameuter toute une populace. Il y a rupture des relations diplomatiques entre les deux pays. Les coopérants français reçoivent l’ordre de ne pas rejoindre leurs postes en Tunisie. Pour ma part, comme Tunisien, quoique père de 4 enfants, je suis réquisitionné, toutes affaires cessantes, pour aller enseigner l’anglais dans un collège du Kef, ville qui était la base militaire des troupes du FLN algérien qui y exerçaient un pouvoir sans partage.
M’étant rendu au Ministère de l’Enseignement Public pour expliquer pourquoi je ne pouvais pas m’y rendre, on me répond qu’à défaut de présence à ce poste, les gendarmes viendraient me chercher. Quelques heures plus tard, je prenais place sur le premier vol pour Marseille, en laissant ma femme et mes enfants
Le départ
..
C’est la panique. Des familles cherchent à quitter le pays le plus discrètement possible. Certains voisins étendent du linge mouillé à leur balcon, laissent la maison éclairée, alors qu’en douce, ils sont en route pour l’aéroport d’El-Aouina.
Mais comment partir avec les 20 ou 30 dinars autorisés et de plus non convertibles ? Certains demandent à des amis français de transférer pour eux de l’argent en métropole. D’autres imaginent de placer des louis d’or dans de talons de chaussure évidés .ou remplacent les épaulettes de leur veston par des bons du Trésor français. On pense pouvoir monnayer des bracelets ou des bagues à Paris, si on arrive à les sortir en douce.
Dans le même temps, à Paris dans le quartier de Saint Michel certains s’entendent pour échanger, avec des restaurateurs tunisiens, des biens au pays contre de l’argent en France.
Des musulmans proches des juifs manifestent aussi leur inquiétude et leur peur de l’avenir. De nombreux amis et relations de travail musulmans ne savent pas comment nous faire part de leur sympathie, de même l’élite bourgeoise que nous fréquentions. Notre boulanger arabe demande à ma femme, puisque je suis déjà an France, de prendre son fils avec nos propres enfants comme il devine nos préparatifs de départ.. Notre femme de ménage nous supplie de l’emmener avec nous avec son enfant. Elle nous promet de dormir par terre dans la cuisine et d’être le moins encombrante possible..
Mais quelle cuisine ? dans quelle maison ? Où allions nous atterrir ? Nous n’avions aucune idée de notre destination ; nous avions même dû abandonner le petit caniche de notre fils qui en a fait une maladie pendant des années.
Et c’est donc un jour le grand départ. Nous quittons notre appartement, nos villas avec salles de bains, confort, baignades et soleil pour un débarquement en catastrophe, sans argent, sans maison, sans travail dans la grisaille et le froid de Paris.
La communauté juive de France
A cette époque, la Communauté juive de France commençait à se restructurer avec l’aide massive d’organisations américaines. Après la prise en charge des rescapés et des orphelins de la Shoah, la mise en route de l’indemnisation des survivants des camps, les procédures engagées pour la récupération des enfants baptisés, la communauté venait d’accueillir les réfugiés chassés d’Egypte qui s’étaient assez vite intégrés.
A titre anecdotique, signalons que beaucoup d’organismes sociaux juifs occupaient alors dans différents quartiers de Paris d’anciennes maisons closes, plus ou moins aménagées, libérées par la loi Marthe Richard. Toujours est-il que cette arrivée massive de juifs pauvres et étrangers, même si elle devait revivifier les structures communautaires, n’enchantait pas un certain nombre de dirigeants qui auraient préféré voir ces gens s’installer en Israël. Mais, rapidement, des Services se sont organisés pour orienter, conseiller, rechercher du travail, obtenir des permis de travail et de séjour. Pratiquement, l’accueil des nouveaux venus est fait sous l’égide des associations françaises FSJU, CASIP, OSE, ORT, COJASOR, … par des assistantes et des réfugiés arrivés eux-mêmes quelques semaines auparavant de Tunisie.
Tous les jours, une assistante accompagnait des groupes de Tunisiens à la Préfecture de Police pour les régularisations des titres de séjour. En ces temps, il avait fallu beaucoup de piston pour .obtenir, pour un ex-bourrelier, un emploi dans une entreprise de nettoyage du métro.
De même, pour un artisan bijoutier, une embauche pour l’entretien de l’argenterie dans un grand hôtel.
Mais que faire d’un ferblantier ou d’un marchand ambulant, d’un brocanteur ?
Je me souviens, par exemple, d’hommes jeunes qu’il a fallu accompagner pendant des semaines pour leur apprendre à se déplacer dans le métro et à compter les stations pour se rendre à leur travail.
Les Galeries Lafayette ont embauché des dizaines et des dizaines de manutentionnaires, ce qui leur permettait d’obtenir un premier permis de travail.
Quelques entreprises avaient aussi permis d’utiliser leur contingent de réservations du 1% patronal pour loger des familles réfugiées.
Je me souviens aussi que des dirigeants de sociétés, des hauts fonctionnaires français étaient intervenus de façon pressante pour la réintégration en métropole ou la naturalisation de collaborateurs qu’ils avaient connu en Tunisie
A Paris et en Province les services sociaux devaient aussi protéger les quelques nouveaux arrivants qui disposaient d’argent contre des courtiers véreux qui étaient censés leur vendre des appartements à tempérament, pure escroquerie, puisque les contrats ne prévoyaient que le règlement des intérêts, le montant de l’achat n’étant pas acquitté..
Des organismes américains attribuaient aux familles réfugiées des bons pour des lits, tables chaises, gazinières.
Le gros problème, en dehors de la recherche de travail, était surtout la quête de logements ; et quels logements ; surtout dans le quartier vétuste de Belleville ; appartements avec toilettes sur le palier, pas de douches, souvent sans eau, ni chauffage.
Des accords entre le Pacte et la Caisse d’Allocations familiales ont permis, moyennant un prélèvement mensuel minime, de restaurer des centaines de logements et de leur apporter l’eau, les toilettes ou une douche.
Des prêts ont permis à de nombreuses familles de régler le mois de loyer et les 3 mois de caution pour la location d’un appartement.
Grâce à un concours de circonstances providentielles, une grande partie d’une des tours de Sarcelles fut de cette manière louée par des réfugiés tunisiens qui avaient un emploi depuis un mois ou deux, au niveau du SMIG.
Il faut dire que ces prêts communautaires ont été remboursés d’une manière scrupuleuse et exemplaire par la très grosse majorité des emprunteurs qui repartaient de zéro pour une nouvelle vie à Paris ou à Grenoble
Et c’est ainsi que petit à petit, les traces de la présence de ces juifs qui vécurent pendant des siècles et parfois des millénaires en Tunisie s’effacent comme l’écume des vaguelettes de Khereddine.…..
A Paris ou à Marseille, Au bout de quelques années , les enfants ayant grandi, obtenu des diplômes, les familles, même sans le soleil de La Goulette, retrouvaient avec un nouvel équilibre, le sourire et la saveur d’un verre de boukha bien glacé, sous le ciel de France.;;
Henri Slama;
Depuis l’indépendance de la Tunisie, de petits groupes de juifs tunisiens quittaient chaque année le pays natal. Ils partaient, les citadins en majorité pour la France, et ceux qui quittaient Gabes, Kairouan ou Moknine plutôt pour Israël.
Déjà, depuis l’autonomie interne concédée par Mendès-France, en 1954, les juifs tunisiens ne se sentaient plus en confiance. Les commerçants avaient leurs problèmes de licences d’importation et autres. Les musulmans avaient priorité pour les emplois administratifs. L’arabe devenait, petit à petit, la langue officielle d’un état musulman. Les juifs ne sentaient plus les enfants du pays.
Les milieux populaires craignaient en particulier que, à l’instar d’autres nations musulmanes (exemple de la Libye voisine)), les juifs ne puissent plus obtenir de passeports permettant de sortir du pays sous le prétexte que ceux qui partaient allaient forcément rejoindre l’armée israélienne.
La catastrophe d’Oslo
.
Pour faire face à ce risque, l’Agence Juive avait imaginé et obtenu une autorisation spéciale de sortie pour 60 jeunes, censés être atteints de primo-infection et devant être soignés dans un sanatorium en Norvège., en fait une simple étape avant le départ pour Israël. Par comble de malchance, l’un des deux vieux avions affrétés à cet effet s’écrasait au sol à l’atterrissage à Oslo. Un seul rescapé. En dehors des accompagnateurs et de l’équipage, 27 enfants perdent la vie. Le 22 novembre 1949 est décrété deuil national en Norvège. Mais en Tunisie, la supercherie est découverte et les autorités sont furieuses. Des pogromes sont évités de justesse dans plusieurs villes de Tunisie, grâce à différentes interventions rapides, en particulier celles de l‘Archevêque de Carthage, de certains chefs du Destour et du Dr Moatti. De plus, l’Agence Juive ayant substitué à certains non partants de dernière minute d’autres jeunes, il est impossible de savoir pendant une dizaine de jours qui est vivant et qui est mort.
L’indépendance de la Tunisie, en mars 1956, n’arrangea pas les choses. En dépit de la présence dans le 1er gouvernement tunisien de plusieurs ministres juifs importants, les nouveaux chefs du pays devaient, par ailleurs, récompenser les ex-fellaghas qui avaient combattu pour la libération du territoire, en faire des fonctionnaires, alors que ils étaient souvent illettrés et dans l’incapacité d’occuper correctement des postes de douaniers ou de postiers
La crise de Bizerte
Sur ces entrefaites et dans cette période de tension arrive la crise de Bizerte. En juillet/août 1961, Bourguiba décide brusquement que, pour parfaire l’indépendance, l’occupation de Bizerte, base navale militaire, par les troupes françaises doit cesser, bien qu’un accord existe à ce sujet avec le gouvernement français.
De toutes les villes et villages de la Tunisie, des foules d’hommes, de femmes et d’enfants entament une marche guerrière, en direction de Bizerte lançant des slogans et chantant pour libérer le territoire national. Devant la base, malgré les sommations de la troupe, les foules fanatisées avancent. Les soldats tirent et tuent. On a parlé de plus de 600 morts du coté tunisien et 20 du coté français. .Les foules s’emparent des corps des tués et les exposent de ville en ville.
L’hystérie s’empare du pays. On voit des espions français partout. Il suffit d’une chemise kaki pour crier au parachutiste français camouflé et ameuter toute une populace. Il y a rupture des relations diplomatiques entre les deux pays. Les coopérants français reçoivent l’ordre de ne pas rejoindre leurs postes en Tunisie. Pour ma part, comme Tunisien, quoique père de 4 enfants, je suis réquisitionné, toutes affaires cessantes, pour aller enseigner l’anglais dans un collège du Kef, ville qui était la base militaire des troupes du FLN algérien qui y exerçaient un pouvoir sans partage.
M’étant rendu au Ministère de l’Enseignement Public pour expliquer pourquoi je ne pouvais pas m’y rendre, on me répond qu’à défaut de présence à ce poste, les gendarmes viendraient me chercher. Quelques heures plus tard, je prenais place sur le premier vol pour Marseille, en laissant ma femme et mes enfants
Le départ
..
C’est la panique. Des familles cherchent à quitter le pays le plus discrètement possible. Certains voisins étendent du linge mouillé à leur balcon, laissent la maison éclairée, alors qu’en douce, ils sont en route pour l’aéroport d’El-Aouina.
Mais comment partir avec les 20 ou 30 dinars autorisés et de plus non convertibles ? Certains demandent à des amis français de transférer pour eux de l’argent en métropole. D’autres imaginent de placer des louis d’or dans de talons de chaussure évidés .ou remplacent les épaulettes de leur veston par des bons du Trésor français. On pense pouvoir monnayer des bracelets ou des bagues à Paris, si on arrive à les sortir en douce.
Dans le même temps, à Paris dans le quartier de Saint Michel certains s’entendent pour échanger, avec des restaurateurs tunisiens, des biens au pays contre de l’argent en France.
Des musulmans proches des juifs manifestent aussi leur inquiétude et leur peur de l’avenir. De nombreux amis et relations de travail musulmans ne savent pas comment nous faire part de leur sympathie, de même l’élite bourgeoise que nous fréquentions. Notre boulanger arabe demande à ma femme, puisque je suis déjà an France, de prendre son fils avec nos propres enfants comme il devine nos préparatifs de départ.. Notre femme de ménage nous supplie de l’emmener avec nous avec son enfant. Elle nous promet de dormir par terre dans la cuisine et d’être le moins encombrante possible..
Mais quelle cuisine ? dans quelle maison ? Où allions nous atterrir ? Nous n’avions aucune idée de notre destination ; nous avions même dû abandonner le petit caniche de notre fils qui en a fait une maladie pendant des années.
Et c’est donc un jour le grand départ. Nous quittons notre appartement, nos villas avec salles de bains, confort, baignades et soleil pour un débarquement en catastrophe, sans argent, sans maison, sans travail dans la grisaille et le froid de Paris.
La communauté juive de France
A cette époque, la Communauté juive de France commençait à se restructurer avec l’aide massive d’organisations américaines. Après la prise en charge des rescapés et des orphelins de la Shoah, la mise en route de l’indemnisation des survivants des camps, les procédures engagées pour la récupération des enfants baptisés, la communauté venait d’accueillir les réfugiés chassés d’Egypte qui s’étaient assez vite intégrés.
A titre anecdotique, signalons que beaucoup d’organismes sociaux juifs occupaient alors dans différents quartiers de Paris d’anciennes maisons closes, plus ou moins aménagées, libérées par la loi Marthe Richard. Toujours est-il que cette arrivée massive de juifs pauvres et étrangers, même si elle devait revivifier les structures communautaires, n’enchantait pas un certain nombre de dirigeants qui auraient préféré voir ces gens s’installer en Israël. Mais, rapidement, des Services se sont organisés pour orienter, conseiller, rechercher du travail, obtenir des permis de travail et de séjour. Pratiquement, l’accueil des nouveaux venus est fait sous l’égide des associations françaises FSJU, CASIP, OSE, ORT, COJASOR, … par des assistantes et des réfugiés arrivés eux-mêmes quelques semaines auparavant de Tunisie.
Tous les jours, une assistante accompagnait des groupes de Tunisiens à la Préfecture de Police pour les régularisations des titres de séjour. En ces temps, il avait fallu beaucoup de piston pour .obtenir, pour un ex-bourrelier, un emploi dans une entreprise de nettoyage du métro.
De même, pour un artisan bijoutier, une embauche pour l’entretien de l’argenterie dans un grand hôtel.
Mais que faire d’un ferblantier ou d’un marchand ambulant, d’un brocanteur ?
Je me souviens, par exemple, d’hommes jeunes qu’il a fallu accompagner pendant des semaines pour leur apprendre à se déplacer dans le métro et à compter les stations pour se rendre à leur travail.
Les Galeries Lafayette ont embauché des dizaines et des dizaines de manutentionnaires, ce qui leur permettait d’obtenir un premier permis de travail.
Quelques entreprises avaient aussi permis d’utiliser leur contingent de réservations du 1% patronal pour loger des familles réfugiées.
Je me souviens aussi que des dirigeants de sociétés, des hauts fonctionnaires français étaient intervenus de façon pressante pour la réintégration en métropole ou la naturalisation de collaborateurs qu’ils avaient connu en Tunisie
A Paris et en Province les services sociaux devaient aussi protéger les quelques nouveaux arrivants qui disposaient d’argent contre des courtiers véreux qui étaient censés leur vendre des appartements à tempérament, pure escroquerie, puisque les contrats ne prévoyaient que le règlement des intérêts, le montant de l’achat n’étant pas acquitté..
Des organismes américains attribuaient aux familles réfugiées des bons pour des lits, tables chaises, gazinières.
Le gros problème, en dehors de la recherche de travail, était surtout la quête de logements ; et quels logements ; surtout dans le quartier vétuste de Belleville ; appartements avec toilettes sur le palier, pas de douches, souvent sans eau, ni chauffage.
Des accords entre le Pacte et la Caisse d’Allocations familiales ont permis, moyennant un prélèvement mensuel minime, de restaurer des centaines de logements et de leur apporter l’eau, les toilettes ou une douche.
Des prêts ont permis à de nombreuses familles de régler le mois de loyer et les 3 mois de caution pour la location d’un appartement.
Grâce à un concours de circonstances providentielles, une grande partie d’une des tours de Sarcelles fut de cette manière louée par des réfugiés tunisiens qui avaient un emploi depuis un mois ou deux, au niveau du SMIG.
Il faut dire que ces prêts communautaires ont été remboursés d’une manière scrupuleuse et exemplaire par la très grosse majorité des emprunteurs qui repartaient de zéro pour une nouvelle vie à Paris ou à Grenoble
Et c’est ainsi que petit à petit, les traces de la présence de ces juifs qui vécurent pendant des siècles et parfois des millénaires en Tunisie s’effacent comme l’écume des vaguelettes de Khereddine.…..
A Paris ou à Marseille, Au bout de quelques années , les enfants ayant grandi, obtenu des diplômes, les familles, même sans le soleil de La Goulette, retrouvaient avec un nouvel équilibre, le sourire et la saveur d’un verre de boukha bien glacé, sous le ciel de France.;;
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